Contrairement aux Etats-Unis où ils sont nombreux, les services de musique sur abonnement ne se développent pas en France. Les DRM, jugés indispensables à ces formules, sont mis en cause. Mais sont-ils vraiment les seuls responsables ?

On peut s’étonner et regretter qu’en France les systèmes de location de musique illimitée avec téléchargements « To Go » (à emporter sur baladeur) soient quasiment inexistants sur le marché. Seul Music Me s’y est risqué, avec près d’un an de retard sur le planning initial. La Fnac a préféré en rester à une formule d’écoute en streaming et Virgin imite Apple en n’offrant que de la musique vendue à l’unité. En France, la musique en ligne se fait sans abonnements.

Est-ce par manque d’ambition ou de goût du risque de la part des plate-formes ? Ou est-ce parce que les majors du disque seraient trop gourmandes et condamneraient de fait la rentabilité de ces offres avant même leur naissance ? Selon le Président de Universal Music eLabs, Larry Kenswil, le fautif est en fait le DRM. Il ne l’a évidemment pas dit comme cela, mais c’est ce qu’il faut comprendre derrière ses propos. S’exprimant au séminaire Music 2.0 à Los Angeles, Kenswill attaque : « Personne n’a trouvé comment la vendre [la formule illimitée] et les gens ne savent pas ce que c’est », confie le chef du numérique chez Universal, qui accuse « les mauvais systèmes matériels, les mauvaises services de recommandation et les plantages systèmes ». En ligne de mire, Microsoft et sa solution PlaysForSure qui ne tient absolument pas les promesses affichées par sa marque (Plays For Sure veut dire « joue à coup sûr » en anglais). Le géant de Redmond en est tellement conscient qu’il laisse ses clients se débrouiller avec un support technique visiblement très mauvais, et qu’il préfère avoir son propre DRM indépendant avec sa propre plate-forme Zune Marketplace, créée pour son propre baladeur Zune.

Comment vendre de l’abonnement sans DRM ?

Si comme le dit Larry Kenswil personne n’arrive à vendre une formule illimitée, c’est sans doute parce qu’il est impossible de trouver le bon terme marketing pour décrire l’offre. MusicMe a fait le choix de parler de « téléchargements illimités », ce qui est trompeur puisque le fichier téléchargé devient illisible une fois que l’abonnement est suspendu. Il faudrait parler de location, ce qui serait au plus près de la réalité, mais le terme est peu vendeur et les services marketing se gardent bien de conseiller la franchise.

Mais le véritable problème n’est-il pas dans la croyance même que l’abonnement ne peut s’imaginer que dans un univers sous DRM ? Le meilleur exemple de réussite d’un service sur abonnement est pourtant eMusic, qui propose des fichiers MP3 sans aucune mesure de protection contre la copie. Le service a glané environ 15 % du marché aux Etats-Unis et se retrouve deuxième plus grand vendeur de musique en ligne derrière iTunes avec une formule par abonnement qui propose un accès libre au catalogue et la possibilité de télécharger uniquement un nombre limité de fichiers MP3 tous les mois. Cette restriction purement commerciale fonctionne très bien et est parfaitement acceptée par les internautes qui la préfèrent à une restriction technique sur les fichiers achetés.

Sans doute serait-il judicieux de combiner un système de streaming illimité avec la possibilité de télécharger chaque mois un nombre défini de titres sans aucun DRM. Mais cela suppose pour Universal et ses confrères d’arrêter de rejeter la faute sur l’industrie informatique, même lorsqu’elle s’appelle Microsoft, et d’embrasser une technologie disponible depuis les années 1980 et qui a fait ses preuves : le MP3.

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