Au mois d’avril dernier, à Londres, Ford levait le voile sur sa nouvelle Focus. Il s’agit de la quatrième génération d’un modèle phare né en 1998, soit il y a 20 ans. À l’époque, le constructeur américain n’avait pas peur des mots, estimant qu’elle n’était ni plus ni moins que « la meilleure voiture » conçue par ses soins. Nous avons essayé pendant deux jours le véhicule, décliné en quatre finitions, et pouvons affirmer que Ford a bel et bien fait de l’excellent travail.
C’est à Nice que notre baptême avec la Focus 2018 a débuté. On comprend pourquoi le géant de l’automobile a choisi cet endroit : la ville du sud est entourées de routes variées, où des trajets sinueux côtoient des départementales — des situations diverses permettant de tester la voiture. C’est d’abord en compagnie de la version ST-Line essence — la plus sportive du lot — que nous avons roulé des heures durant, guidés par le GPS pré-configuré par les équipes de Ford.
La Focus attire le regard
Le look reste une affaire de goût mais force est de reconnaître que l’esthétique de la nouvelle Focus est attrayant. Assumant une vraie rupture avec la précédente version, la voiture de Ford cherche à attirer le regard. Ce n’est pas toujours le cas avec des véhicules dans cette gamme de prix. Elle reprend bien évidemment l’identité de la Fiesta pour l’étendre à sa silhouette, tout en laissant le choix au futur propriétaire car les différentes déclinaisons ont droit à leur spécificité au niveau du look.
Chaque déclinaison a droit à ses spécificités
Ainsi, la ST-Line, notre préférée, est plus basse et agressive : les entrées d’air entourant le bouclier sont tape-à-l’œil. La Vignale est plus luxueuse, avec une calandre plus élégante. L’Active, plus haute, joue davantage les aventurières. Comme ces quatre versions ont été pensées dès le début de la conception, les éléments distinctifs ne sont pas de simples rajouts sur une base commune, comme pourraient l’être des versions disponibles après un lancement.
Dans tous les cas, la calandre trapézoïdale, qui souligne le museau long, et la virgule lumineuse sur les phares à l’avant produisent assurément leur petit effet. En somme, cette Focus est agréable à contempler.
Un écran (presque) en lévitation
Au niveau du design intérieur, la sobriété est de mise. Ford a pensé à disséminer des petites touches d’élégance : de la fausse fibre de carbone dans la ST-Line, et une imitation bois dans la Vignale. Le tableau de bord souffle le chaud et le froid : si l’écran tactile, presque en lévitation, est brillamment intégré et surplombe des boutons physiques, le tableau de bord associe numérique et aiguilles à l’ancienne dans un mélange étrange. Concrètement, le petit écran qui renseigne sur divers paramètres est posé entre les deux tachymètres sans grand raffinement, sans se fondre vraiment dans la planche. Cette faute de goût tranche cruellement avec le reste.
Avec sa plateforme ouverte Sync, Ford n’a pas envie d’attendre l’aval d’Apple pour certaines applications clefs. Notamment Waze, disponible hors CarPlay par la magie du mirroring. On branche simplement son iPhone, on lance Waze et l’application apparaît alors sur l’écran de la Focus.
Ford a fait un effort certain sur l’interface de son infodivertissement. Pour une fois, on n’a pas eu envie de brancher un smartphone pour bénéficier de CarPlay ou Android Auto — même si c’est possible. Le constructeur a opté pour la simplicité et la navigation est relativement fluide malgré un écran tactile qui accroche un peu le doigt. Le carré signalant l’onglet où nous sommes pollue quelque peu l’interface, personnalisable avec des fonds d’écran. Le cadre transparent, servant de support à l’option affichage tête haute — elle-même peu convaincante à l’usage –, n’est pas beaucoup plus joli depuis l’intérieur ou l’extérieur du véhicule.
La signature sonore, assurée par Bang & Olufsen, confirme que la marque est un gage de qualité. Il faut juste penser à désactiver les effets surround étouffant le rendu, sachant qu’il est possible de jouer sur l’égaliseur et déplacer le son où bon vous semble — pratique si les passagers à l’arrière n’ont pas envie de profiter de vos playlists favorites.
En plus de se muer en point d’accès Wi-Fi, la Focus communique avec une application mobile baptisée sobrement FordPass. Outre les informations données sur la voiture (localisation, pressions des pneus, etc.), elle permet de verrouiller/déverrouiller la portière à distance et de démarrer le moteur pour adapter la température à bord — il se coupera au bout de 15 minutes. Par mesure de sécurité, il est nécessaire d’avoir la clef à l’intérieur pour rouler. Contrairement à Tesla, il n’est pas (encore ?) possible de piloter la Focus depuis l’extérieur — une fonctionnalité pourtant utile pour sortir d’une place de parking serrée.
De l’importance du châssis
Après avoir essayé la Focus ST Line en essence, nous avons pu rouler quelques heures avec la version break Vignale en diesel. Avec cette motorisation et ce gabarit davantage familial, la voiture s’est montrée un peu moins à l’aise.
Dès les premières secondes, on comprend que Ford n’a pas voulu faire n’importe quoi avec son best-seller écoulé à plus de 16 millions d’exemplaires. Avant tout, les ingénieurs ont voulu donner naissance à un châssis capable d’asseoir une tenue de route exemplaire. C’est le cas : même en format un peu plus sportif (pas trop non plus), même en la chahutant dans les virages, le Focus ne bronche pas. Elle colle au bitume et le train arrière comme avant ne chasse jamais.
La boîte de vitesse souple et agréable et les freins puissants, lorsqu’on pose à peine le pied sur la pédale, permettent d’obtenir une expérience de conduite plaisante — surtout pour une sportive. Tout juste pouvons-nous critiquer la direction, plutôt lourde à basse vitesse et pas assez franche avec un rythme plus élevé. En bref, elle manque un peu de répondant quand on tourne le volant.
Dans les grandes lignes, la Focus allie plaisir et confort dans un écrin optimisé grâce à vingt années d’expérience. Quand Ford évoquait la meilleure voiture sortie de son imaginaire, il voulais sans doute parler de la meilleure Focus.
Les vertus de CoPilot360
Comme beaucoup de voitures qui sortent en 2018, la Focus est équipée d’assistances à la conduite qui mettent l’accent sur l’autonomie. La suite de Ford se range derrière la panoplie CoPilot360, qui comprend une bagatelle d’options paramétrables pour se faciliter la vie lors d’un trajet. L’alerte de franchissement de ligne est ainsi plus discrète que dans d’autres voitures, et le régulateur de vitesse peut passer en mode intelligent. Une fois enclenché, il permet à la Focus d’adapter son allure en fonction, non seulement du trafic, mais aussi des panneaux de vitesse que la caméra à l’avant est capable de lire. À l’usage, le régulateur fonctionne très bien — en revanche, nous n’avons rencontré aucune situation où la lecture des panneaux aurait pu s’avérer utile.
Le régulateur de vitesse permet à la Ford d’adapter son allure
Par ailleurs, la Focus a la possibilité de se garer toute seule. Si la technologie fonctionne bien, et encore mieux avec une boite automatique, on a relevé quelques ratés. Sur la Croisette de Cannes, l’intelligence artificielle a voulu nous garer derrière un terre-plein — ce qui ne constitue pas vraiment une place de parking. Autant dire qu’il faut encore faire preuve de vigilance avant de placer aveuglément sa confiance dans ces assistances.
Dans le CoPilot360, on retrouve aussi le freinage automatique d’urgence pour éviter les collisions, le système d’alerte pour les angles morts — un point lumineux très pratique est installé sur les rétroviseurs extérieurs — et la caméra arrière lors des manoeuvres. Tout pour assurer du confort et rassurer sur la sécurité : la Focus est à ranger dans la catégorie des voitures tournées vers l’avenir.
Ford Focus à partir de 19 950 euros.
Le verdict
Ford Focus 2018
On a aimé
- Quatre personnalités
- Confortable et plaisante à conduire
- De nombreuses options
On a moins aimé
- Manque de feeling sur la direction
- Diesel moins confortable
- Où sont les versions EV ?
Ford est fier de sa Focus et le prouve avec un cru 2018 prenant la forme d'un véritable caméléon. Abordable d'un point de vue financier, la Focus s'articule autour d'un bon équilibre entre confort et performance sur la route. Globalement, la conduite est très plaisante et la Focus ne manque pas d'arguments.
En bref, la nouvelle voiture de Ford est bien partie pour s'affirmer comme un bon rapport qualité/prix pour qui souhaite un véhicule avec suffisamment de caractère pour s'affirmer. Ceci étant, il ne faudrait pas prendre la Focus pour ce qu'elle n'est pas. Après tout, elle a déjà suffisamment de personnalités différentes à son lancement.
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