C’est un petit nouveau dans le petit monde de la distribution musicale, centré exclusivement sur le numérique. Le Français MUS1.com propose aux artistes indépendants d’être référencés sur les plus grandes plate-formes de musique en ligne du monde. S’il est actuellement nécessaire, MUS1 est le symbole d’une société numérique qui fonctionne encore sur les vieux shémas industriels.

Les artistes auto-produits le savent bien, il est souvent très difficile voire impossible de voir son CD sur les étals des principaux disquaires, y compris en ligne. Il faut s’en remettre à des tiers qui possèdent les contacts et la force de frappe commerciale suffisante pour espérer avoir une chance de figurer dans les rayons, y compris virtuels. Ces intermédiaires sont les aggrégateurs, qui ne produisent pas eux mêmes la musique mais distribuent les disques au nom des artistes et des labels indépendants qui leur font confiance.

MUS1 (prononcez « Muse-One ») est un nouvel aggrégateur édité par la société Media Universal Services, spécialisée dans les médias numériques. A l’instar d’aggrégateurs de musique indépendante comme Believe ou The Orchard, MUS1 propose aux musiciens indépendants d’être référencés et distribués sur les boutiques de musique en ligne. Mais contrairement à ses concurrents, « alors qu’un artiste doit souvent dépenser de l’argent pour graver un CD et l’expédier à divers labels et aggrégateurs par la poste, nous proposons de recevoir les morceaux sous forme numérique (fichier MP3), afin de rendre le process le plus rapide et le moins cher possible pour l’artiste », nous explique Olivier Martyn, le co-fondateur de Mus1. « La société gagne aussi en frais de logistique (pas de CD à réceptionner) », reconnaît-il volontiers.

Fondateur en 1999 du label Ledge Music qui l’a amené à cotoyer des majors comme Universal ou Sony, Olivier Martyn s’est associé à Edouard Lombard, un ancien artiste de BMG et expert en technologies Microsoft. Ils démarchent les plate-formes et réunissent rapidement une quantité importante de distributeurs, parmi lesquels iTunes, Napster, Rhapsody, ou OD2. Figurent également eMusic ou Bleep, qui vendent de la musique sans DRM. « Nous ne sommes pas impactés par les DRM, car nous nous plaçons en tant qu’intermédiaire entre les artistes et les sites de distributions », explique M. Martyn. « Les artistes ont tout loisir d’exclure de leur contrat les distributeurs qui suivent telle ou telle politique vis-à-vis des DRM ».

En échange de ses services, indispensables pour figurer sur les plate-formes, MUS1 prend une commission qui va de 5 à 20 %, selon une formule qui n’est pas encore publique. Le site est encore en test, et les contrats probablement encore en période d’ajustement.

Le développement de projets comme MUS1 est en tout cas témoin que même sur Internet, où l’architecture technique permet une désintermédiation et une déconcentration des médias, les intermédiaires sont encore nécessaires et les concentrations évidentes. The Orchards, le leader des aggrégateurs de musique indépendante, a en charge la distribution numérique de plus de 14.000 artistes et de centaines de labels. L’une des possibilités avancées pour éviter que ces mouvements de concentration se reproduisent sur Internet serait d’accorder aux internautes le droit de diffuser eux-mêmes en toute légalité des morceaux de musique sur leurs blogs ou sur les réseaux P2P. Derrière la licence globale, c’est aussi et surtout cet enjeu de la concentration de la distribution musicale qui était évoqué. Ca n’est pas qu’un débat économique, c’est avant tout un débat culturel et un choix de société.

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