Pendant deux mois, notre journaliste a accepté de se promener avec une montre connectée rose au poignet. Nous voulions voir la Fitbit Versa, et sa fonctionnalité de suivi des menstruations, en action. Voici notre test.

Nous vous avions parlé de la Fitbit Versa dès le mois de mars 2018 : annoncée par la marque, la montre connectée avait retenu notre attention en présentant sa future option dédiée au suivi des menstruations. Si nous n’avons pas reparlé de l’objet entre temps, c’est que nous voulions d’abord l’avoir testé. Or, la fonctionnalité « Menstrutech » — pour citer le terme inventé par Lucie Ronfaut en 2017 — de l’objet nécessitait inévitablement de lui donner l’opportunité de surveiller plusieurs cycles menstruels.

Lorsque l’entreprise avait présenté son produit, la Fitbit Versa avait été décrite comme une montre « qui ne donnait pas juste l’heure » (jusque-là, rien de très étonnant pour une montre connectée). L’entreprise connue pour ses bracelets connectés et traqueurs de fitness assurait que son nouveau produit était confortable, et possédait tous les critères requis pour devenir un compagnon de santé quotidien, y compris de « santé féminine ». Le tout pour un prix annoncé comme « abordable », à savoir 200 € pour la version la moins chère.

La promesse semblait déjà ambitieuse, d’autant plus que les précédents modèles de montres connectées que nous avons eues au poignet n’ont pas toujours su nous convaincre de continuer à les porter après (et parfois pendant) la période du test. La Fitbit Versa n’a pas dérogé à cette règle.

Photo Louise Audry

Photo Louise Audry

Design

Lorsque nous ouvrons l’emballage de la Fitbit Versa, il y a forcément un détail qu’on ne peut s’empêcher de remarquer : la montre que nous avons reçue est rose (« pêche »). Cette simple caractéristique a suffi à alimenter des conversations dans la rédaction, et il semblait donc logique de commencer par là avant de détailler plus amplement la description de cette montre.

Lorsque nous avions contacté Fitbit pour tester l’objet, nous avions précisé que l’option de suivi de santé féminine avait suscité notre curiosité. La marque s’attendait probablement à ce que ce test soit réalisé par une journaliste — bien que, rappelons-le, les personnes menstruées ne s’identifient pas nécessairement toutes au genre féminin. Or, un simple coup d’œil aux tests réalisés par nos confrères, par exemple Les Numériques ou 01net.com, indique que leurs journalistes ont reçu la version noire de l’objet. Bien que l’autrice de cet article n’ait pas d’aversion particulière pour la couleur rose, le choix d’envoyer cette teinte nous a légitimement questionnés, le cliché féminin rose n’étant pas vraiment ce qui se fait de plus progressiste. Passons.

Photo Louise Audry

Photo Louise Audry

Un bracelet Fitbit // Source : Photo Louise Audry pour Numerama

Un bracelet Fitbit

Source : Photo Louise Audry pour Numerama

Si la couleur du bracelet peut sembler tapageuse de prime abord, celle du boîtier de la montre est déjà plus discrète, arborant un rose argenté plus sobre — qui aurait peut-être mérité d’avoir sa déclinaison en bracelet. Sur un poignet fin comme celui de notre journaliste, la Fitbit Versa prend de la place, et une version plus sobre aurait été appréciée. Malgré tout, si vous aimez la couleur rose, l’objet peut vous plaire : Fitbit a fait attention à ce qu’il reste dans une tonalité pastel.

Au toucher, le bracelet constitué d’un élastomère n’est pas désagréable. Cependant, nous avons parfois ressenti l’envie de le détacher lorsque le soleil a pointé le bout de son nez : la Fitbit Versa tient chaud. Si le temps est clément, vous devriez cependant parvenir à oublier que vous portez une montre connectée la plupart du temps — ses vibrations ont réussi à nous surprendre.

La Fitbit Versa tient chaud

L’effet « bord à bord » si cher aux fabricants de smartphones n’est clairement pas l’objectif visé par cette montre : plusieurs millimètres séparent le bord de l’écran des contours du boitier, ce qui ne contribue pas vraiment à rendre l’objet élégant. Les boutons — deux à droite, un à gauche — sont, de la même manière, assez apparents, même s’il n’est jamais arrivé qu’ils soient actionnés par mégarde lors de ce test. Fitbit a gravé son nom sous l’écran, une inscription plutôt discrète mais qu’on aurait peut-être préféré voir au dos du cadran.

Soyons honnête : du point de vue de son look, la Fitbit Versa de couleur pêche ne nous manquera sans doute pas beaucoup quand nous aurons cessé de la porter.

Photo Louise Audry

Photo Louise Audry

Photo Louise Audry

Photo Louise Audry

Usage

Comme nous l’évoquions au début de cet article, le premier défi de ce test était de savoir combien de temps nous garderions la montre au poignet avant d’avoir envie de l’enlever. Malheureusement pour Fitbit, l’effet de nouveauté — notre journaliste testait ici sa première montre connectée — n’a pas duré bien longtemps : au bout de quelques jours, elle a cessé d’accompagner nos nuits. Quelques semaines plus tard, elle restait posée sur une table une bonne partie de la journée. Autrement dit, la Fitbit Versa ne s’est pas rendue indispensable. Il a fallu se forcer pour la remettre, par professionnalisme.

Commençons par son écran d’accueil, qui affiche l’heure comme n’importe quelle montre. Sur ce point, on ne peut pas reprocher à Fitbit le manque de choix : la marque propose de nombreux cadrans de montre différents, à aiguilles ou au format analogique, avec parfois la possibilité de choisir un coloris. Vous pouvez même personnaliser le fond d’écran avec une image de votre choix. Certains cadrans affichent des éléments supplémentaires, comme votre fréquence cardiaque, votre nombre de pas par jour et l’énergie dépensée quotidiennement.

Le balayage de l’écran, qui permet d’afficher les différents menus, est plutôt aisé quoiqu’un peu lent. Un geste vers la droite permet d’accéder aux principales applications intégrées à la montre ; un glissement de doigt vers le bas donne la possibilité de consulter ses notifications (notamment les messages) ; enfin, un balayage vers le haut affiche votre actualité du jour plus précisément que sur le cadran principal.

Photo Louise Audry

Photo Louise Audry

Photo Louise Audry

Photo Louise Audry

Au quotidien, le plus gros défaut de l’objet est que son écran réagit très mal au mouvement, pourtant caractéristique, que fait notre poignet lorsque l’on veut consulter la montre. À plusieurs reprises, lorsque nous voulions présenter la Fitbit Versa à quelqu’un, l’écran restait désespérément noir en dépit de plusieurs gestes du poignet. Un échec qui a beaucoup amusé nos interlocuteurs, déjà bien souvent rebutés par la couleur de la Fitbit Versa.

Pour compléter la montre, Fitbit invite son ou sa propriétaire à utiliser l’application mobile liée (sur iOS ou Android). Celle-ci fonctionne comme un tableau de bord, dans lequel la navigation s’est révélée plus agréable que sur l’écran de la Fitbit Versa. La page d’accueil affiche en un coup d’œil les principales données enregistrées par la montre, et permet de suivre sa progression si un objectif a été clairement défini dès le départ.

Épurée et plutôt ludique, l’application peut même contribuer à l’envie de garder un peu plus longtemps la Fitbit Versa au poignet. Les graphiques établis en fonction de notre activité ou sommeil ont été simples à lire, et parfois éclairants : pour quelqu’un qui n’a jamais possédé de montre connectée, découvrir les différents cycles de son sommeil au réveil a toujours quelque chose d’intriguant.

Capture d'écran de l'application Fitbit sur iOS.

Captures d’écran de l’application Fitbit sur iOS.

Le suivi du cycle menstruel

Nous voici enfin arrivés au sujet préféré de l’autrice de ce test : la fonctionnalité de suivi des menstruations, intégrée à la Fitbit Versa. Pour la première fois, une montre prend le parti de surfer sur la tendance récente de la Menstrutech, jusque-là surtout investie par des applications mobiles, dont la plus connue est sans doute Clue.

Avant de juger de son efficacité, nous pouvons au moins souligner la démarche, qui contribue sans nul doute à envoyer le message que les règles sont un phénomène naturel, et qu’elles ont leur place dans un gadget dont les fonctionnalités sont déclinées autour de la santé.

Les règles dans une montre ? Presque banal

C’est donc tout naturellement que nous avions placé de grands espoirs dans la Fitbit Versa : c’est avec regret que nous vous faisons part de notre déception sur ce point. Considérons d’abord la montre elle-même : Fitbit nous a déçu en ne faisant de son écran qu’un simple outil pour afficher un unique graphique du suivi menstruel. Les interactions avec cet affichage sont par ailleurs limitées : vous connaissez le jour et la période du cycle dans lequel vous êtes, et combien il vous en reste avant la prochaine « période » (au nombre de deux, à savoir les règles et la période de fécondité).

Par ailleurs, nous n’avons jamais senti la montre vibrer pour nous informer, par une notification, de l’entrée imminente dans l’une des ces phases. Dommage.

Capture d'écran de l'application Fitbit sur iOS.

Capture d’écran de l’application Fitbit sur iOS.

L’interaction réduite avec la montre ne trouve malheureusement pas de contrepartie dans l’application mobile : à l’image des applications déjà existantes, elle se présente sous la forme d’un calendrier à remplir, avec des données sur les règles elles-mêmes (l’intensité du flux), l’écoulement des pertes vaginales, et autres facteurs liés aux menstruations comme les crampes, les migraines ou des douleurs dans les seins. Bref, rien qui ne justifie de porter une montre connectée.

Si l’option de suivi de santé féminine est globalement décevante dans la Fitbit Versa, au moins faut-il lui attribuer le mérite d’exister : peut-être préfigure-t-elle la naissance de nouveaux gadgets pensés autour des menstruations, avec des options plus interactives et utiles. Qui sait, de futures technologies novatrices, qui ne sentiront pas l’obligation de s’habiller de rose pour toucher une cible féminine.

Le verdict

Fitbit Versa
4/10

Fitbit Versa

Vous l'aurez compris en lisant ces lignes, la Fitbit Versa nous a laissé un sentiment mitigé. Au-delà de nos questionnements sur le choix d'envoyer une version rose à une journaliste, la montre ne s'est pas révélée suffisamment convaincante pour donner envie d'être portée sur le long terme. Son manque d'élégance y a contribué.

À l'intérieur de la Versa, Fitbit réussit certes à proposer une ergonomie épurée, mais nous attendions davantage de certaines fonctionnalités. Le suivi des menstruations, sur lequel nous avons braqué notre objectif lors de ce test, était prometteur et novateur sur une montre connecté. La fonctionnalité n'a cependant pas révélé son originalité par rapport à des apps qui remplissent déjà bien (mieux) cette mission.

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