Fuchsia n’a pas été découvert dans les tiroirs de Google à l’été 2018. Ce projet mystérieux fait des apparitions successives depuis deux ans : quelques informations filtrent depuis la bande d’ingénieurs à qui Google a donné ce projet, jusqu’aux oreilles attentives de la Silicon Valley. L’idée est simple à résumer : il s’agit d’un système d’exploitation open source capable de se lancer sur une très grande variété de produits, de l’ordinateur à l’enceinte connectée en passant par le smartphone, la montre ou la tablette tactile.
Si cela rappelle Android, c’est bien normal : le projet bien connu de Google qui alimente une grande partie des smartphones et des objets connectés actuels est aussi modulable. Problème : il est aussi limité. Ainsi, Google décline la base d’Android à plusieurs sauces — WearOS, Assistant — et doit composer avec un autre système d’exploitation pour ses machines plus traditionnelles — ChromeOS. Fuchsia serait la possibilité, pour Google, de rassembler toutes ces activités autour d’un seul produit.
Le remplaçant d’Android…
D’après des informations de Bloomberg sur ce sujet, l’entreprise ferait monter son équipe dédiée en puissance, petit à petit, avec une ambition aussi audacieuse que risquée : remplacer Android. En bonus, Google pourrait mettre un terme avec sa querelle juridique avec Oracle en arrêtant d’utiliser Linux / Java comme base. Concevoir ce système d’exploitation aurait donc à la fois un intérêt à court terme pour l’utilisateur, mais aussi un intérêt pour l’entreprise à moyen et long terme : même s’il est open source, Google maîtriserait l’intégralité des technologies utilisées et n’aurait pas de souci de brevet ou de licence. Une situation qui doit faire rêver les hautes sphères de Mountain View.
Ce Grand Plan, les confidents de Bloomberg l’imaginent aboutir à cinq ans, ce qui est à la fois long et court. Long, parce que l’écosystème Android aura assurément muri d’ici là et que les acteurs en place auront changé — il y a 5 ans, qui aurait cru que les versions pures Android One seraient plébiscitées et que le marché serait dessiné par des entreprises chinoises ? Court, parce que Android a mis du temps avant de s’imposer comme une référence et changer les habitudes, partenariats et autres éléments d’interface ne se fera certainement pas en un claquement de doigt. De même, l’image de la marque est aujourd’hui bien implantée.
… ou une cour de récré pour développeurs ?
De son côté, Google ne souhaite pas faire de commentaire sur l’usage pratique de Fuchsia, qu’il s’autorise à considérer publiquement comme un « engagement pour l’innovation dans les expériences open source ». Des éléments de langage sibyllins qui pourraient indiquer que Fuchsia ne sortira jamais des laboratoires. Cela n’étonnerait personne que Google abandonne le projet ou utilise quelques briques développées dans d’autres produits. Par exemple, Android.
De son côté, le magazine américain Cnet a recueilli un troisième son de cloche. Pour des sources proches du dossier, Fuchsia serait une sorte de cour de récréation pour développeurs senior que Google voudrait empêcher de partir chez la concurrence. Un projet exigeant intellectuellement, qui pourrait les faire sortir de la routine et les détourner des offres d’emploi de la concurrence. Avant qu’ils retournent sur des dossiers plus proche de la réalité.
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