La maison de disques EMI a de nouveau été approchée par sa concurrente Warner Music. C’est ce qu’indique la troisième major dans un communiqué publié ce matin à destination des actionnaires. « Il n’y a toutefois pas d’offre précise. Il ne peut y avoir aucune certitude concernant le fait que cette approche débouchera sur une offre ou autre proposition », précise néanmoins EMI, qui ajoute que « si une proposition était faite, elle serait alors étudiée avec une attention particulière sur les conditions, le profil de risque et de concurrence, ainsi que sur la valorisation de la société ».
Face à leurs concurrentes Universal Music et Sony BMG, qui possèdent à elles seules près de la moitié du marché musical mondial, EMI et Warner avaient accéléré les discussions de fusion début 2006. Les deux majors cherchaient qui rachetaient l’autre, avant que EMI ne mette un coup d’arrêt brutal aux discussions l’été dernier. La maison de disques britannique venait de proposer jusqu’à 4,6 milliards de dollars pour avaler Warner Music, mais la décision du tribunal d’instance des communautés européennes contre la fusion de Sony BMG avait refroidi ses ardeurs. Depuis, les discussions semblaient totalement abandonnées, à l’exception d’une visite d’Edgar Bronfman aux actionnaires d’EMI en septembre dernier, laissée sans suite.
La nouvelle tentative d’approche de Warner Music fait suite aux résultats catastrophiques de la major américaine, qui perdait 11 % de son chiffre d’affaires au premier trimestre de l’exercice fiscal 2006-2007, et surtout perdait pour la première fois en chiffre d’affaires sur les revenus numériques de la maison de disques (- 4 %). EMI, quant à elle, a émis deux profit warning en moins d’un mois et procédé à un profond remaniement de son exécutif, en attendant un plan de restructuration. EMI prévoit une baisse de 15 % de son chiffre d’affaires sur l’ensemble de son exercice fiscale. Selon les dernières rumeurs, la major britannique souhaiterait même se séparer de son activité de production pour se concentrer uniquement sur l’édition, seul secteur en constante croissance qui n’a pas été affecté par la numérisation, bien au contraire.
Si fusion il devait y avoir, EMI et Warner sont appelés à connaître au moins autant de difficultés de compatibilité d’humeur qu’ont connu Sony Music et BMG au moment de leur rapprochement. Tandis que EMI semble vouloir enfin entrer de plein pied dans l’ère numérique et respecter les consommateurs, le président de Warner Music, Edgar Bronfman, a été surprenant de rigidité en répondant aux récentes prises de position de Steve Jobs.
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