Les jours sont-ils comptés pour la confidentialité des communications passant sur Facebook et WhatsApp ? Depuis le 7 septembre, la question se pose : le fondateur et patron du réseau social, Mark Zuckerberg, a publié un message dans lequel il semble remettre en cause le chiffrement des messages privés au nom de la lutte contre la désinformation et la haine sur Internet.
« Donner la parole aux gens est au cœur de notre mission. Mais nous avons aussi la responsabilité d’assurer la sécurité des gens. Le chiffrement accroît la protection de la vie privée et la sécurité des personnes, mais rend plus difficile la lutte contre la désinformation et la haine à grande échelle », écrit celui qui s’est assigné en début d’année la mission de « réparer » sa plateforme.
Mark Zuckerberg n’a pas précisé ses intentions, mais cette remarque figure dans des observations plus générales concernant les défis auxquels l’entreprise fait face : « bon nombre des décisions les plus difficiles auxquelles nous sommes confrontés impliquent des compromis difficiles entre des principes auxquels nous tenons profondément ». Sur le chiffrement, à quels compromis faut-il donc s’attendre ?
Hormis la confidentialité des échanges, Mark Zuckerberg évoque un autre problème : « le fait d’exiger la vérification des publicités et des pages rend l’ingérence électorale plus difficile, mais il crée aussi des obstacles pour les dissidents et les petits groupes moins bien financés qui participent à ces débats ». Là encore, le milliardaire de 34 ans se demande comment bien positionner le curseur.
À l’heure actuelle, le chiffrement de bout en bout est disponible par défaut sur WhatsApp depuis 2016. Cette protection est aussi disponible pour Messenger, mais il faut l’activer manuellement pour en bénéficier. Lorsqu’elle est active, seuls les participants à une discussion peuvent lire les messages échangés. Ni le fournisseur du service, ni le FAI, ni un quelconque tiers ne peut accéder à ces contenus.
C’est sans doute la première fois que la désinformation est citée par une personnalité de premier plan comme argument pouvant justifier une réflexion sur le niveau de chiffrement à proposer au grand public. Jusqu’à présent, la charge contre le secret absolu des communications se faisait surtout au nom de la lutte antiterroriste, en témoignent les interventions régulières du procureur de la République de Paris.
Rumeurs et désinformations
Les rumeurs et les désinformations semblent avoir trouvé un terreau particulièrement fertile sur WhatsApp, avec des conséquences parfois très graves. En juillet, les habitants d’une commune rurale en Inde ont entendu parler de kidnappeurs d’enfants sur WhatsApp. L’affaire s’est terminée par le tabassage à mort de cinq étrangers, rapporte ainsi BuzzFeed.
Le Washington Post, qui avait déjà tiré la sonnette d’alarme en juillet (« la combinaison d’une base d’utilisateurs inexpérimentés et analphabètes du numérique, associée au chiffrement de WhatsApp, s’est avérée toxique, entraînant la peur, l’incompréhension et, dans certains cas, la violence »), a récemment remis le couvert, en pointant du doigt cette fois le phénomène Momo Challenge et ses dérives.
Rien ne dit que le chiffrement sur Facebook et WhatsApp va être, en définitive, une victime collatérale de la nouvelle politique de Mark Zuckerberg. Mais les années à venir seront à suivre avec attention. Le patron du service a en effet expliqué que les travaux pour réparer Facebook prendront au moins trois ans. Qui sait comment sa réflexion aura évolué d’ici là ?
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