Avec sa marque Poco, Xiaomi a joué une carte étonnante : le Pocophone F1, un smartphone tout en compromis et qui mise sur la puissance brute. Pari gagné ?

Si Android n’est pas votre fort, il est probable qu’un pan du marché de niche vous ait échappé. En 2018, aux côtés des smartphones des marques historiques, une flopée de smartphones construits par des marques chinoises tente de résoudre une équation complexe : comment proposer des caractéristiques haut de gamme à un prix défiant toute concurrence ?

Honor, Xiaomi et OnePlus sont les trois marques qui ont attiré l’attention des Françaises et des Français sur ce secteur. À la rentrée 2018, Xiaomi a lancé une nouvelle marque en France, nommée Poco. Le premier modèle proposé par ce nouvel arrivant se nomme le Pocophone F1 et, comme un chef, maîtrise à merveille la recette imaginée par les marques précédemment citées. À 359 €, tout est, au fond, une question de sacrifice : que va-t-on couper à la fiche technique pour atteindre ce prix ? Et son corollaire direct : que va-t-on garantir pour ce prix ? Avec le Pocophone F1, la réponse de Xiaomi aux deux questions est savamment mesurée.

Pocophone F1 de face // Source : Numerama

Pocophone F1 de face

Source : Numerama

Design et prise en main

Première chose à couper dans le budget pour réduire la facture au maximum : la recherche côté design. Disons-le simplement : comme la quasi-totalité des smartphones de 2018, le Pocophone F1 a été imaginé par Jonathan Ive, designer en chef d’Apple. On pousse ici la ressemblance avec l’iPhone X à son paroxysme : l’encoche a presque la même taille que celle du fer-de-lance de l’entreprise californienne et les proportions sont presque similaires. On trouvera pour le différencier de prime abord un simple déplacement du module photo, vertical évidemment, qui se trouve au centre plutôt qu’à gauche.

Réduire les coûts passe aussi par un cahier des charges plus modeste côté matériaux. Le Pocophone F1 est entièrement en plastique, les bords noirs à l’avant sont plutôt épais et les revêtements anti-trace ne sont pas de la partie. Tous les boutons ont été déportés sur la droite de l’appareil. La prise jack trône en haut et le tiroir double-SIM se trouve à gauche.

Pocophone F1 de biais // Source : Numerama

Pocophone F1 de biais

Source : Numerama

Mais ce qui est étonnant, c’est une fois qu’on a fait la soustraction pour économiser à droite et à gauche, on se retrouve quand même avec un smartphone qui n’a pas à rougir devant la concurrence. En main, le plastique poli est très agréable à toucher et assure à l’ensemble une solidité dont rêveraient les modèles composés de métaux ou de verre. On se dit assez facilement que ce Pocophone F1 pourrait tomber à plusieurs reprises et se relever en un seul morceau. On se souvient avec nostalgie de l’excellente gamme Galaxy S2 / Galaxy Note premier du nom côté Samsung, qui avait fait le choix d’un plastique similaire, rendant les smartphones increvables.

Et dans sa quête du prix plancher, Poco a même offert le luxe de l’USB-C, la norme la plus moderne côté connecteurs. On voit encore passer des modèles dans cette gamme qui restent en micro-USB. En clair, le design du Pocophone F1 ne souffre pas d’erreurs grossières et la marque a correctement conçu son appareil en fonction de ses contraintes tarifaires.

Au quotidien

L’objectif du Pocophone F1 est assez clair : proposer le meilleur processeur de Qualcomm pour Android, le Snapdragon 845 épaulé par 6 Go de RAM et une grosse batterie de 4 000 mAh. En d’autres termes, vous payez la performance brute qui vous garantira la possibilité de faire tourner les dernières applications et les jeux les plus récents sur votre smartphone et vous échangez cette garantie contre quelques compromis sur le reste de la fiche technique.

Au rang des sacrifices, autant faire une liste :

  • Le duo d’appareils photo est médiocre — lent, mal calibré, peu précis mauvais en basse luminosité et entraînant des déformations sur les coins ;
  • L’appareil photo frontal, malgré ses 20 mpx affichés, n’est pas non plus convaincant ;
  • Il n’y a pas de NFC (donc pas de paiement ou d’abonnement sans contact) ;
  • L’écran de 6,21 pouces est bien défini (2 248 x 1 080 pixels) mais manque de luminosité et n’a pas de traitement antireflet ;
  • Le smartphone ne prend pas en charge le DRM Widevine L1 (ce qui signifie que vous n’aurez pas Netflix et autres services de streaming en qualité maximale) ;
  • Le smartphone n’est pas waterproof, splashproof ou whateverproof ;
  • Les haut-parleurs ne sont pas stéréo (c’est une fausse stéréo en jouant avec le haut-parleur dédié aux appels mains libres)
  • Le déverrouillage par reconnaissance faciale n’est pas disponible en France (mais en a-t-on vraiment envie ?).

Ouf. Oui, c’est assez clair qu’à 359 € en embarquant un processeur haut de gamme, 6 Go de RAM et une batterie aussi grosse, il fallait faire des concessions. Pour qui est habitué au haut de gamme, ces petites choses sont tout ce qui fait le confort d’utilisation d’un smartphone moderne. Aujourd’hui, on sort un iPhone X pour passer en caisse, on ne pense pas à le protéger sous une averse et on sait que Apple a raffiné chacune des parties du smartphone — en misant notamment sur l’un des composants le plus onéreux, à savoir les modules photo.

Pocophone F1 de dos // Source : Numerama

Pocophone F1 de dos

Source : Numerama

Ce n’est clairement pas l’approche du Pocophone F1, ni sa promesse. Et on doit reconnaître qu’au quotidien, malgré toutes ces concessions qui allègent le cahier des charges et donc le tarif, le smartphone s’en sort remarquablement. L’interface Android inspirée de MIUI — Android à la sauce Xiaomi — fonctionne bien : tout est dans l’épure et les fonctionnalités de base sont à portée de doigt. On est très proche d’une expérience Android pure  et rares sont les détails qui s’éloignent de la proposition Google. On ne peut que regretter quelques erreurs de design — le lecteur vidéo qui est une copie maladroite du Google Play Store — et des fonctionnalités absurdes — pourquoi avoir ajouté par défaut un watermark Pocophone sur les photos ?

En extérieur, c'est un poil mieux // Source : Numerama

En extérieur, c'est un poil mieux

Source : Numerama
Le métro pris avec le Pocophone // Source : Numerama

Le métro pris avec le Pocophone

Source : Numerama
En basse luminosité, c'est une cata // Source : Numerama

En basse luminosité, c'est une cata

Source : Numerama

Côté Android, vous n’aurez donc aucun problème à faire tourner le système, les jeux récents — on pense à PUBG Mobile — et les applications les plus lourdes, en toute fluidité. À l’usage, le Snapdragon 845 fait son travail et on ne constate aucun ralentissement et aucune nuisance au changement d’application par exemple — peut-être un poil de chauffe sous le capot en jeu. C’est, après tout, un smartphone fondé sur la puissance qui ravira celles et ceux qui cherchent avant tout une expérience fluide et productive sur Android.

PUBG Mobile sur Pocophone F1 // Source : Numerama

PUBG Mobile sur Pocophone F1

Source : Numerama

La batterie participe à ce sentiment général : c’est assez bluffant de voir à quel point le Pocophone F1 tient longtemps. On ne l’utilise pas autant côté multimédia qu’un smartphone plus adapté, mais avoir un engin encore bien éveillé après trois jours d’utilisation quotidienne est un fait suffisamment rare pour être souligné. D’autant que, là encore, Xiaomi n’a pas compromis le cahier des charges pour gratter quelques euros à la facture : le Pocophone F1 est compatible Quickcharge 3.0, ce qui lui permet de gagner de la charge à vive allure. « Cela permet de gagner 36 % de batterie (passant de 7 % à 43 %) en 30 minutes de recharge, 73 % en une heure (passant de 7 % à 80 %) et de recharger totalement la batterie en un peu moins de 2 heures », confirment nos confrères de FrAndroid.

C’est donc bien sur le territoire du concurrent OnePlus que Xiaomi est venu jouer avec cette nouvelle marque : séduire les amoureux de la technique et ceux qui se fichent de la caméra d’un smartphone en proposant un smartphone aux caractéristiques haut de gamme à prix plancher. Et si cette année, OnePlus a crevé le plafond de verre en proposant son OnePlus 6 à plus de 500 €, Poco a creusé un peu plus en tombant bien en dessous des 400 €. Bien joué.

Le Pocophone F1 est disponible à 359 € chez Boulanger ou Darty .

Le verdict

Le Pocophone F1 est le smartphone des compromis, mais des compromis bien exécutés. On le conçoit comme une sorte de casse-tête d’ingénierie : Xiaomi a probablement dit à ses ingénieurs de faire de leur mieux pour caser un Snapdragon 845, 6 Go de RAM et 4 000 mAh de batterie dans le smartphone le moins cher possible. Et le résultat est à la hauteur des ambitions du constructeur.

En revanche, ne vous y trompez pas : le Pocophone F1 n’est pas un smartphone haut de gamme à prix sacrifié. Le haut de gamme actuel est un ensemble de confort et de plaisir d’usage qui passe par des tas de petites choses inventives. Le Pocophone F1 est un smartphone avec des caractéristiques haut de gamme : si c’est celles que vous cherchiez… c’est clairement le meilleur smartphone de cette fin d’année. 

Source : Numerama

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