Un brevet obtenu par Amazon en 2016 a refait surface à la faveur d’un article de deux chercheurs. Le document présente une cage destinée aux employés des entrepôts. Vivement critiquée, l’entreprise assure qu’elle n’a pas l’intention de s’en servir.

« Système et méthode de transport pour le personnel dans un environnement de travail actif » : Amazon se serait sans doute passé de voir le nom de ce brevet, déposé par ses soins en 2016, ressurgir à la faveur d’un article. Le 7 septembre 2018, deux chercheurs spécialisés dans l’intelligence artificielle ont publié une carte détaillant le fonctionnement d’une enceinte Amazon Echo : leur travail mentionne également ce brevet, au point 15 de leur démonstration.

« Dissimulé parmi les milliers de brevets détenus par Amazon accessibles au public, le brevet américain n° 9 980 157 illustre de façon extraordinaire l’aliénation des travailleurs, un tournant décisif dans la relation entre les humains et les machines », écrivent les chercheurs Kate Crawford et Vlandan Joler, tous deux membres du laboratoire de recherche Share Lab.

Une illustration de « l’aliénation des travailleurs »

Le brevet en question contient en effet l’illustration d’une cage métallisée dans laquelle un être humain semble pouvoir entrer. L’habitacle est équipé de plusieurs accessoires et parait être aussi mobile que n’importe quelle autre marchandise présente dans les entrepôts d’Amazon, déplacée par un système motorisé.

« Le travailleur devient une pièce d’un ballet mécanique, tenu droit dans une cage qui dicte et contraint son mouvement », observent Kate Crawford et Vlandan Joler.

Un dispositif de sécurité, assure Amazon

Le dispositif évoqué dans ce brevet semble clairement destiné aux manutentionnaires d’Amazon, comme le relèvent nos confrères de Business Insider. Bien qu’il ait été accordé par le Bureau américain des brevets et des marques de commerce (USPTO) en 2016, l’entreprise de e-commerce ne s’en est jamais inspirée dans ses usines.

Face aux critiques qui lui sont adressées, Amazon assure que l’idée sous-jacente était de mettre en sécurité les employées de son entreprise : en évoluant dans un espace clôt, les humains seraient protégés de potentiels incidents avec les robots de plus en plus nombreux dans les entrepôts.

« Parfois, mêmes de mauvaises idées sous soumises pour des brevets »

Relayée par Boston Herald le 10 septembre, la découverte de cet ancien brevet n’a pas manqué d’indigner de nombreuses personnes. Sur Twitter, le responsable des opérations d’Amazon Dave Clark s’est justifié de la manière suivante : « Parfois, mêmes de mauvaises idées sont soumises pour des brevets. Celui-ci n’a jamais été utilisé et nous n’avons aucune intention de le faire. Nous avons mis au point une bien meilleure solution, un petit gilet que les associés peuvent porter et qui empêche les unités robotisées à proximité d’eux de bouger. »

https://twitter.com/seattletimes/status/1038207051292467200

Des employés d’entrepôts, rémunérés par Amazon pour tweeter en réponse aux critiques sur l’entreprise, ont également défendu leur entreprise : certains d’entre eux assurent que la société ne veut pas mettre ses employés dans des cages.

https://twitter.com/AmazonFCJackie/status/1039623870750359553

D’autres internautes défendent la pertinence de concevoir un tel habitable pour protéger les manutentionnaires d’un incident.

https://twitter.com/AmazonFCRick/status/1039252001438289921

Les conditions de travail au sein de l’entreprise sont de plus en plus médiatisées : en avril dernier, un journaliste du Sun a rapporté que certains travailleurs auraient été obligés d’uriner dans des bouteilles afin d’atteindre les objectifs fixés par Amazon — la société a nié cette situation.

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