Dans une interview à paraître ce lundi dans l’hebdomadaire allemand Focus, la commissaire européenne à la Protection des consommateurs dénonce les liens d’exclusivité entre le baladeur iPod et la plate-forme iTunes, deux produits de l’américain Apple. « Vous trouvez normal qu’un CD puisse être lu par tous les lecteurs CD mais que seul un iPod puisse lire une chanson achetée sur iTunes? Moi, pas. Il faut changer quelque chose », aurait dit la commissaire selon une première version de l’interview rapportée par Reuters.
« Je ne pense pas qu’elle l’entendait comme l’expression d’une position politique définitive. A ce stade, c’est son sentiment instinctif », a immédiatement précisé la porte-parole de la Commission Européenne Helen Kearns. L’organe européen, qui a reculé dans son projet d’interdire aux Etats membres l’imposition d’une taxe pour copie privée sur les supports vierges, veut satisfaire à la fois les consommateurs (qui ont forcé un lobby ad hoc) et les industries culturelles. Ces dernières aimeraient que le rejet des DRM souhaité par les consommateurs ne soit pas la seule solution pour permettre à la concurrence d’émerger dans un secteur dominé à 80 % par l’iPod. A l’image de la France qui doit créer une Autorité de Régulation des Mesures Techniques (ARMT) pour encadrer l’accès aux données d’interopérabilité, la Commission Européenne pourrait donc chercher à contraindre Apple à communiquer les informations d’interopérabilité relatives à FairPlay, son DRM maison.
Le coup de bluff de Steve Jobs
Dans une lettre adressée à l’industrie du disque et aux consommateurs, le patron d’Apple Steve Jobs a cependant refusé catégoriquement cette idée. « Le plus gros problème c’est que proposer une licence d’un DRM implique de révéler certains de ses secrets à beaucoup de gens dans beaucoup d’entreprises, et l’histoire nous dit qu’inévitablement ces secrets vont être divulgués », avait expliqué Steve Jobs, qui officiellement préfère le rejet pur et simple des DRM à la divulgation de ses propres secrets. C’était bien évidemment une position stratégique qui lui permet d’envoyer un signal fort à l’industrie du disque. Un coup de poker.
Soit les majors du disque veulent conserver les DRM, et elles doivent alors accepter le quasi monopole de fait d’Apple dans la musique en ligne. Soit elles refusent de laisser Apple geler l’évolution du marché… et elles prennent alors le risque de déverouiller tout leur catalogue sans pouvoir jamais faire marche arrière, car un retour aux DRM serait vécu plus mal encore par les consommateurs.
Il faudra beaucoup de diplomatie à la Commission européenne pour naviguer entre tous ces intérêts…
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