Netflix veut respecter les règles françaises. Voici le message que Reed Hastings répète depuis plusieurs voyages en Europe : sa plateforme se pliera aux lois des pays dans lesquels elle s’installe.
Ce 27 septembre 2018, le patron de Netflix n’a pas dérogé à ce principe, annonçant avoir respecté les règles de la « taxe vidéo » passée en 2017 par le gouvernement. Ce décret oblige les plateformes étrangères à s’acquitter d’un financement de 2 % de leurs revenus — comme c’est le cas pour les françaises depuis 2004.
« Nous avons fait le premier versement la semaine dernière », a confirmé Reed Hastings devant Numerama et un petit groupe de journalistes réunis à Paris pour l’occasion. Dorénavant, 2 % de tous ses revenus générés dans l’hexagone seront reversés au CNC. Mais à combien ce versement s’élève-t-il ?
Le Centre national du cinéma et de l’image animée est un organisme public qui dépend du ministère de la Culture. L’une des ses missions est de soutenir « l’économie du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia ».
Environ 9 millions d’euros par an
Si l’on ne sait pas exactement combien Netflix génère de revenus en France chaque mois, il est possible de se faire une idée générale du montant auquel cela correspond. Selon les informations de Libération, il y avait environ 3,5 millions d’abonnés Français à la plateforme en avril 2018. Le nombre a sûrement augmenté depuis, mais si l’on reste sur cette donnée-ci, en la multipliant par le tarif de l’abonnement moyen Netflix (10,99 euros), on obtient 38,5 millions d’euros obtenus par mois par Netflix en France, rien qu’à partir des abonnements. Cela signifie que Netflix verserait au moins, par mois, 770 000 euros mensuels au CNC, soit environ 9 millions d’euros par an.
Mais ce montant n’aura de cesse d’augmenter à mesure que Netflix gagne des abonnés. C’est d’ores et déjà plus que ce que versent pour la taxe vidéo OCS, la plateforme d’Orange, et ses 2,9 millions d’abonnés, ou CanalPlay et ses 200 000 clients, récemment enterré par le numéro 1 de Canal+.
À noter que Canal+ « s’est engagé à verser une contribution pour soutenir la distribution des œuvres cinématographiques en France » de 2 millions d’euros par an, jusqu’en 2019, indique le site du CNC.
Quid de la chronologie des médias ?
Cet accord dit « taxe vidéo » a été signé en 2017 était un grand pas en avant pour le gouvernement, qui voulait affecter les mêmes règles à toutes les plateformes, françaises et étrangères.
Mais l’État a encore de grands défis devant lui, tandis qu’il peine à moderniser ses institutions — qui plus est à l’ère du succès grandissant des plateformes de vidéo à la demande par abonnement. Voilà des années que le ministère de la Culture demande aux acteurs du secteur de s’accorder sur une nouvelle chronologie des médias qui satisferait tout le monde. En vain : la nouvelle proposition qui devait être signée début septembre a été repoussée, sans aucune nouvelle depuis.
D’après les documents diffusés en amont, elle devait permettre de favoriser les plateformes qui « respectent les règles » et acceptent de verser un certain montant à l’administration, en leur offrant des fenêtres de diffusions plus petites en fonction de leur niveau d’aide. Netflix entrera-t-il bientôt dans les bonnes grâces du gouvernement ?
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