Ca aura pour beaucoup quelque chose de rassurant. Il ne suffit pas d’avoir le physique d’une actrice de films pour chaînes cryptées et de savoir en jouer pour avoir un succès commercial immédiat dans la musique en ligne. Tila Tequila, l’ancienne top-modèle reconvertie dans la chanson provoc’ façon Pussycat Dolls à la sauce crunk, avait cru pouvoir s’affranchir des maisons de disques et profiter des quelques 1,7 millions d’amis de sa page MySpace pour lancer sa carrière sur iTunes. Le succès est très mitigé.
Malgré cette immense base de fans potentiels, la chanteuse n’aurait vendu que « quelques milliers de titres », selon le patron de BigChampagne Eric Garland. Elle est tout de même parvenue au 1er mars à la 52ème place des meilleures ventes sur iTunes aux Etats-Unis, ce qui n’est pas si mal. Mais le score est perçu comme faible au regard de sa popularité sur MySpace.
L’échec du modèle MySpace ou un changement d’échelle ?
Ce semi-échec peut être analysé différemment selon que l’on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide. Les maisons de disques, bien sûr, y verront la preuve de leur incontournable utilité marketing. Tila Tequila avait refusé deux contrats de maisons de disques avant de décider de se lancer seule sur le marché en usant de ses courbes et de MySpace comme principaux messages publicitaires. Aujourd’hui, elle pourrait avoir à nouveau besoin de labels si elle souhaite étendre sa couverture médiatique aux ondes radios et aux télévisions musicales, largement dominées par les artistes signés par les majors et les plus gros indépendants. Ce serait l’échec de MySpace comme moyen promotionnel de masse… mais est-ce vraiment l’ambition du site ?
Les défenseurs de MySpace, quant à eux, diront que Tila Tequila n’est pas exactement le type d’artiste le plus approprié pour tirer des conclusions hâtives. C’est certainement moins par sa musique que par ses beaux yeux que la top modèle a réuni sur sa page près de 2 millions d’amis. Et ces « amis », en majorité des hommes jeunes, ne sont pas non plus exactement le profil type de l’internaute qui se précipite sur iTunes pour acheter une chanson.
Quant à nous, nous pensons que c’est là la démonstration qu’internet est par nature un média « des masses » qui ne peut pas faire naître d’artiste « de masse ». La diversité permise par Internet et la déconcentration des moyens de diffusion fait que se faire connaître via Internet et arriver à la 52ème place sur iTunes est déjà un exploit en soi. Il n’y a aucune raison structurelle pour qu’Internet fasse émerger des artistes écoutés par des dizaines de millions de personnes, lorsque la nature-même du réseau fait qu’il permet à des dizaines de milliers d’artistes d’être écoutés chacun par des dizaines de milliers de niches d’auditeurs. Internet est un anti-média-de-masse, même lorsqu’il s’agit de MySpace et de ses quarante milliards de pages vues…
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