Cela aurait été proprement impensable il y a quelques années. Et pourtant : Microsoft a fait un geste remarquable en direction de la communauté du logiciel libre, mercredi 10 octobre. Le géant du logiciel a non seulement annoncé sa participation au fonds de propriété intellectuelle Open Invention Network (OIN), mais en plus il apporte avec lui pas moins de 60 000 brevets.
Pour le dire simplement, Microsoft vient en fait de libérer 60 000 brevets au profit de Linux et, plus généralement, du logiciel libre. En effet, l’initiative OIN consiste à « protéger Linux » à travers un portefeuille défensif de brevets. Ce fonds, lancé en 2005, compte dans ses rangs des géants comme Google, IBM et Sony, mais aussi NEC, Philips, Red Hat, SUSE, et Toyota.
Tout groupe, projet ou développeur travaillant sur Linux, GNU, Android ou tout autre logiciel lié à Linux peut rejoindre OIN, sans frais ou royalties. Comme le résume The Verge, OIN est une plateforme de licence profitant à 2 650 entités — des développeurs individuels aux grandes entreprises — et tout le monde a accès à la fois aux brevets détenus par OIN et aux licences croisées entre les autres licenciés, sans redevances.
« Nous savons que la décision de Microsoft de rejoindre OIN peut surprendre certains ; ce n’est un secret pour personne qu’il y a eu des frictions dans le passé entre Microsoft et la communauté open source sur la question des brevets », admet dans un billet de blog Erich Andersen, qui officie chez Microsoft comme principal conseiller juridique pour tout ce qui a trait à la propriété intellectuelle.
« Nous savons que la décision de Microsoft de rejoindre OIN peut surprendre »
Mais les choses ne sont pas condamnées à rester figées.
« Nous espérons que cette annonce sera considérée comme la prochaine étape logique pour une entreprise à l’écoute de ses clients et de ses développeurs et fermement engagée envers Linux et les autres programmes open source », poursuit-il. « L’adhésion à OIN reflète la pratique de Microsoft en matière de brevets, qui évolue au même rythme que l’opinion de l’entreprise sur Linux et plus généralement sur l’open source ».
À travers cette annonce spectaculaire, c’est aussi l’occasion pour Microsoft de démontrer, en particulier auprès des membres de la communauté du logiciel libre qui feraient encore preuve de circonspection à son égard, que le nouveau chemin qu’il emprunte n’est pas qu’une simple posture médiatique. Il y a aussi des actes concrets qui sont pris pour illustrer ce changement d’attitude envers Linux.
Ces réserves de la communauté du logiciel libre avaient pu être observées récemment, quand Microsoft a racheté GitHub, la principale plateforme de développement collaboratif, dont le rôle dans le développement du libre et de l’open source s’est avéré prépondérant. Symbole de l’informatique propriétaire, Microsoft a donc mécaniquement poussé des dizaines de milliers de projets à la migration.
Et cela, malgré une réelle évolution de Microsoft ces dernières années — évolution qui n’a pas échappé à la fondation Linux, qui a salué le rachat, signe de la confiance qu’inspire aujourd’hui la firme de Redmond.
Le géant des logiciels est un important contributeur sur GitHub, a annoncé le lancement de son propre noyau Linux customisé et d’un système d’exploitation adéquat, Azure Sphere OS, destiné aux microcontrôleurs présents dans des objets connectés. Le groupe a même ouvert une partie de sa couche logicielle permettant d’accéder à certaines fonctionnalités Linux sous Windows.
« Nous pensons que Microsoft sera plus que jamais en mesure d’agir pour aider à protéger Linux », commente en conclusion Erich Andersen, en évoquant en particulier la guerre des brevets dans le domaine logiciel. Il y a quatre ans, Microsoft déclarait publiquement son amour pour Linux avec le slogan « Microsoft aime Linux ». Aujourd’hui, Microsoft va plus loin et entend le protéger.
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