Du fait de l’indisponibilité croissante des adresses IPv4, une transition s’est engagée il y a maintenant plusieurs années vers un nouveau protocole : IPv6. Celui-ci fournit un stock d’adresses incomparablement plus vaste, suffisant pour résoudre ce problème à (très) long terme. Il était d’ailleurs temps : les dernières projections évaluent l’épuisement des réserves en IPv4 à 2021.
Voilà pour la théorie. En pratique, il s’avère que les acteurs de cette bascule avancent en ordre dispersé : certains sont en pointe sur IPv6, le nom de ce nouveau protocole, d’autres n’ont guère bougé. Savoir où en sont les opérateurs, les terminaux, les équipementiers, les infrastructures ou encore les hébergeurs n’est pas chose aisée. Aussi en 2016, un état des lieux a été demandé par le gouvernement.
Celui-ci a été remis en 2017 par le régulateur des télécoms.
Aujourd’hui, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) a publié un nouveau baromètre de la transition vers IPv6. Publié le 10 octobre, il n’est pas encourageant : l’instance observe en effet « un retard de la majeure partie des acteurs », couplé à une absence de plan permettant un déploiement et une migration vers IPv6 « à moyen terme ».
Les domaines dans lesquels un retard est relevé sont les objets connectés, les opérateurs mobiles, les hébergeurs et fournisseurs de contenus, ainsi que les systèmes d’information d’entreprises ou d’administrations. À l’inverse, les ordinateurs, les smartphones, les tablettes et les équipementiers font figure de (très) bons élèves, avec une bascule totale ou élevée.
Quant aux fournisseurs d’accès à Internet fixe, aux infrastructures DNS (un système qui sert à associer des adresses IP à des noms de domaine, via des bases de données) et aux transitaires, ils sont à mi-chemin, avec une migration jugée partielle. Bien entendu, il s’agit d’une photographie générale par secteur : dans chacun d’entre eux, il y a des acteurs plus avancés que d’autres.
Cette situation se remarque dans l’Internet fixe. Dans la fibre optique comme sur les liaisons xDSL, SFR et Free ont rendu l’ensemble de leurs clients compatibles avec IPv6 (sauf en câble pour SFR). Est-ce à dire pourtant que ce protocole est effectivement activé partout ? Non : seule la moitié des clients Free accède à IPv6 et juste 0,9 % chez SFR.
À l’inverse, Orange paraît avoir plus de retard (40 % de clients prêts à l’IPv6 dans le xDSL et 90 % dans la fibre optique) mais presque la moitié (45 %) de sa clientèle a déjà basculé. La lanterne rouge est Bouygues Telecom : quasiment aucun client prêt pour l’IPv6 (2,5 % en xDSL et 1 % en fibre optique) et donc un taux actif de clients en IPv6 forcément très bas (2,5 %).
Les choses, heureusement, bougent : les précisions pour la mi-2019 fournies par chaque opérateur indiquent des taux de clients en IPv6 entre 55 et 65 % pour Orange et Free, et entre 20 et 30 % pour Bouygues. Seul SFR n’aura guère bougé, avec un taux attendu entre 5 et 15 %. Des prévisions sont aussi faites pour mi-2021, date à laquelle le stock IPv4 sera épuisé, mais elles sont à prendre avec des pincettes.
L’Arcep note en effet que les prévisions d’un FAI peuvent évoluer d’une année à l’autre : le cas de Bouygues Telecom est ainsi pris en exemple. En 2017, celui-ci estimait à fin 2020 avoir entre 75 et 85 % d’abonnés en IPv6. Aujourd’hui, l’opérateur ne vise plus que 40 à 50 % de clients activés en… 2021. Dans ces conditions, les trajectoires à long terme ne doivent pas être prises pour argent comptant.
Quatre conditions doivent être réunies pour qu’une ligne fixe soit considérée comme ayant basculé en IPv6. Il faut d’une part que le réseau fixe soit compatible avec ce protocole, tout comme la box qui connecte l’internaute au réseau. À ce moment-là, l’internaute est déclaré prêt à l’IPv6. Ensuite, il faut configurer la box pour activer le protocole et que le terminal qui se connecta soit, via son système d’exploitation, compatible.
Le baromètre ne s’attarde pas que sur les FAI. Les opérateurs mobiles (où la situation est globalement catastrophique), les hébergeurs (qui sont très dispersés), les infrastructures DNS (secteur le plus en avance dans la transition vers IPv6), les équipementiers (en bonne voie), les transitaires (où les petits acteurs sont en retard) et les terminaux (les objets connectés posent problème) sont aussi analysés.
Enfin, l’observatoire permet également de situer la France dans le concert des nations. La mesure est fondée sur les données de Google, dont les serveurs sont « habituellement situés au plus proche du client final », explique l’Arcep, même si « cet indicateur ne donne qu’une vision partielle de la situation réelle ». Ces précisions apportées, le régulateur note que la France est dans la moyenne des pays européens.
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