Imaginez. Vous ouvrez le navigateur Chrome de Google. Une page Google Stream s’affiche, laissée en favori. Vous cliquez sur « Jouer ». Sans transition, le dernier jeu utilisé par le compte se lance, en plein écran, avec des graphismes magnifiques et pas la moindre latence. Ce jeu n’est pas un vieux titre fond de tiroir d’un éditeur, mais le dernier jeu AAA d’Ubisoft, Assassin’s Creed Odyssey. C’est à peu près ce que nous avons pu faire en testant le Project Stream de Google, qui donne un bref aperçu de ce que sera le jeu vidéo de demain, entièrement dématérialisé.
Surprenant de facilité
Aujourd’hui, par rapport aux solutions qui existent sur le secteur en croissance du cloud gaming, Google Stream a déjà des avantages. Le service de Nvidia, nommé GeForce Now, a besoin d’une Nvidia Shield ou d’un client ordinateur, qui lui-même lance un client Steam, qui enfin va lancer un jeu vidéo, sans parler des comptes à créer et éventuellement des jeux à acheter sur les différents magasins. Shadow, la solution la plus complète et la plus aboutie à ce jour, vous demande de vous inscrire, de télécharger un client, de configurer votre ordinateur à distance, de télécharger vos clients (Steam, U Play etc.) et d’acheter des jeux sur ces plateformes pour y jouer.
Google Stream, de son côté, profite de la puissance de Google et même si la simplicité extrême est due à l’offre de test proposée par Ubisoft avec le dernier Assassin’s Creed, son usage déroute. Une fois invité à la bêta, il suffit d’ouvrir Chrome et d’appuyer sur Jouer pour que le jeu se lance.
Pas d’installation, pas de compte (après tout, vous êtes probablement déjà connecté sur Chrome ou sur les services Google) : le navigateur web sur lequel vous passiez le temps en jouant à des tower defense en Flash il y a dix ans permet désormais de lancer les derniers jeux des gros éditeurs. Mine de rien, cela fait un petit quelque chose au moment où l’on voit s’animer la bataille des Thermopyles et qu’on jette un coup d’œil aux grosses consoles qui trônent sous le téléviseur du bureau.
Et si la concurrence s’est déjà bien armée pour prévoir l’arrivée des géants sur le secteur, Google a la capacité de faire changer l’industrie pour de bon… car il a déjà les utilisateurs et des millions de cartes bancaires liées prêtes à faire de l’achat in-app. L’excellent Shadow revendique depuis peu 30 000 abonnés à son service, mais combien de joueurs connaissent son existence ? À l’inverse, combien de joueurs occasionnels pourraient se laisser tenter par un achat d’un jeu sur Google Stream, si la solution américaine n’est pas liée à un abonnement ? Avec 425 millions d’utilisateurs de Gmail, qui seraient donc Google Stream ready, Google a un terrain de commercialisation qui donne le tournis.
Et quand on voit que, dans la configuration bancale qui nous a permis de jouer sur Google Stream, limité officiellement à des élus résidants aux États-Unis, on se dit que techniquement, le géant maîtrise son sujet. Nous avons dû en effet nous connecter à un Shadow à New York pour passer les tests de débit (les VPN testés n’ont pas suffi), Shadow qui accueille donc le streaming de Google et qui nous renvoie les données à Paris. Le tout, en Wi-Fi de notre côté. Autant dire que la latence n’y était pas, mais le jeu d’Ubisoft restait fluide et épique.
Pour nous, ce test en bêta fermé est déjà une démonstration de force. Dans de bonnes conditions et avec une connexion adéquate, Google Stream pourrait changer radicalement le marché du jeu vidéo dans les nuages. On a hâte de voir la direction que ce projet va prendre.
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