Dans les applications mobiles ou sur tablettes, les publicités sont omniprésentes. Y compris dans celles qui sont dédiées à de très jeunes enfants, âgés de moins de 5 ans, dévoile une équipe de chercheurs dans une étude publiée le 26 octobre dans le Journal of Developmental and Behavioral Pediatrics.
Des publicités dans 95 % des applications
C’est une pédiatre américaine, Jenny Radesky, qui a soulevé cette problématique. Elle qui a par le passé rédigé des codes de conduite à destination des médias pour les jeunes s’est cette fois intéressée au marché des applications éducatives pour enfants.
« L’une de mes plus grosses inquiétudes, explique-t-elle au New York Times dans un article publié le 30 octobre, était que ces apps ne soient pas éducatives à cause de la présence d’objets distrayants comme des bannières publicitaires situées en haut de l’écran. » Ces bannières en effet, contiennent des stimulus : elles sont faites de manière à attirer l’œil des enfants, pouvant potentiellement les détourner du contenu de l’application.
Jenny Radesky et les autres chercheurs ont étudié 135 applications Android, en y jouant des heures. Dans 95 % des cas, elles contenaient au moins du publicité.
L’équipe a découvert que les annonceurs étaient encore plus déterminés qu’ils ne le pensaient. Certains ont par exemple créé des publicités s’affichant au format pop-up sur des applications destinées sur le magasin d’applications Google Play aux moins de 5 ans. Ces fenêtres, estime la pédiatre, sont quasiment impossibles à fermer pour un très jeune utilisateur.
lLes joueurs gagnent des points lorsqu’ils regardent une vidéo d’annonce
Autre méthode qui pose question : le fait de récompenser l’enfant pour avoir regardé une publicité. Sur un jeu d’ouverture de coffres surprises, les joueurs gagnent des points lorsqu’ils regardent une vidéo d’annonce. Il n’y a pas réellement de limite : les enfants peuvent regarder ces vidéos aussi souvent qu’ils le souhaitent.
L’étude explique que les publicités présentes sur les apps ne sont pour la plupart pas identifiées comme telles. Cela entretient la confusion pour les enfants entre ce qui est le jeu, et ce qui est une tentative de leur vendre un produit.
Des techniques pour pousser les enfants à l’achat de bonus
Techniquement, les enfants ont toujours été confrontés à des publicités, à la télévision entre deux dessins animés par exemple. Mais cette fois, cela va plus loin. Aux publicités, s’ajoutent par exemple des incitations fortes à acheter des « bonus » payants sur les applications. Pour ce faire, les annonceurs utilisent les personnages des jeux, qui martèlent aux enfants qu’il est possible d’acheter des choses. Lorsque l’enfant ne cède pas – grâce aux coordonnées bancaires qu’aurait pu enregistrer un parent sur l’appareil utilisé –, certains personnages se mettraient alors à pleurer virtuellement, précise le NYT sans donner le nom de l’app en question.
« Le premier mot qui me vient à l’esprit est la colère »
« Le premier mot qui me vient à l’esprit est la colère, explique Jenny Radesky, qui est rattachée à l’Université de médecine de l’État du Michigan. Je suis une chercheuse. Je veux rester objective. Nous avons commencé notre étude juste avec l’idée de s’intéresser à l’aspect distraction. » Finalement, ils ont trouvé des choses « surprenantes » et « décevantes », parfois en potentielle violation avec les règles de la FTC, une agence encadrant les pratiques commerciales et la consommation.
Une lettre a d’ailleurs été envoyée à cette dernière par les chercheurs, qui demandent l’ouverture d’une enquête. Ils estiment que Google ne devrait pas proposer de telles applications pour les très jeunes enfants sur ses appareils.
Dans un communiqué transmis au New York Times, un porte-parole de l’entreprise a indiqué que les annonceurs étaient autorisés à proposer des publicités sur des applis dédiées aux moins de 5 ans, à condition de respecter certaines règles relatives à la vie privée et les règles d’utilisation de Google Play. Il est notamment proscrit de collecter des données personnelles d’utilisateurs de moins de 13 ans – ce que la loi américaine interdit également.
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