La TVIP est annoncée partout comme la télévision de demain. Combinant diffusion « traditionnelle » et VOD, la TVIP se veut à la fois interactive, personnelle, et sociale.
Interactive, dans le fait de proposer un guide des programmes, un enregistreur numérique, et un « Time Shifting » (contrôle du direct). Selon l’enquête IPSOS, ces fonctions arrivent en tête des plus plébiscitées chez les utilisateurs. Rien d’étonnant, si l’on considère le fait que selon Médiamétrie, 80.4 % des foyers sont équipés d’un magnétoscope, et que la dernière étude AEPM montre que quatre Français sur cinq (79,3%) sont lecteurs d’au moins un magazine TV et en lisent pratiquement chaque jour.
Dès lors, les fonctions de l’IPTV, plus que de mini-révolutions des pratiques, sont plus à voir comme une continuité d’usages : au programme TV vient se substituer le guide des programmes numérique, au magnétoscope l’enregistreur numérique, et le « Time Shifting » devient une nouvelle possibilité de contrôle à côté de la télécommande.
Une VOD qui peine à percer
Personnelle, dans le fait d’offrir des rediffusions TV ou des films à la demande (VOD). Mais il ne faut pas pour autant considérer les possibilités permises avec la réalité des usages. En effet, l’enquête montre que cette fonctionnalité reste délaissée d’un bon trois quart des utilisateurs.
Il faut sûrement y voir pour cause le fait que les spectateurs, qui opèrent surtout une transition entre TV « traditionnelle » et TVIP, n’ont pas forcément le réflexe « VOD ». D’ailleurs, devraient ils l’avoir, lorsque l’offre de Club Internet, autant que nombre de sites de VOD qui essaient de lancer une solution légale payante, ne proposent que, selon sa présidente Marie-Christine Levet, 25% des films récemment sortis au cinéma.
Club Internet, qui essaie de palier ces obstacles, propose des opérations de VOD moins chères au relatif succès, et compte lancer une chaîne destinée à en montrer les nouveautés. Mais si la TVIP est prête, ce n’est pas forcément le cas du secteur du cinéma où nombre d’accords, qui restent toujours en suspens, ne font rien pour enrichir l’offre. Le « catch up tv » connaît vraisemblablement le même sort puisque le service, qui devrait permettre de regarder de manière différée des contenus déjà diffusés sur les chaînes, n’est pour l’instant utilisable que sur quelques unes d’entre elles seulement.
Les premières chaînes des fournisseurs d’accès ?
Sociale enfin, dans les perspectives dessinées par Club Internet, annonçant la création d’une chaîne en partenariat avec Kewego et Eyeka qui devrait diffuser du contenu généré par les utilisateurs, un peu à la manière de WAT.tv.
Ici, c’est bien le moyen pour Club Internet de proposer sa propre chaîne, indépendante des médias traditionnels. Au fond, quand on voit la difficulté avec laquelle les fournisseurs d’accès parviennent à établir des accords de diffusion avec les chaînes TV, on ne pourrait s’étonner de voir ces premier tenter de s’en affranchir en créant les leurs. C’est un peu ce qu’avaient fait les radios quand, lasses de dépendre du contenu fourni par les maisons de disques, elles créèrent à la pelle leur propres boîtes de production, à l’image d’NRJ il y a quelques jours.
Reste que l’histoire des industries culturelles a montré que jamais un secteur, en amont ou en aval de la production, n’avait réussi à totalement se passer de l’autre. Pour autant, les armes de lutte pour l’indépendance ne sont pas inexistantes, et contribuent chaque coup porté à renforcer un peu plus le pouvoir de celui qui en use. Si, avec l’avènement d’Internet, les secteurs de l’informatique et des télécommunications ont sans cesse gagné en poids dans l’industrie culturelle, le partenariat annoncé par Club Internet laisse présager que les fournisseurs d’accès ne resteront pas longtemps en dehors du champ de bataille.
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