Les plateformes vidéo étrangères participent désormais au financement de la fiction française, mais pas trop quand même. Le CNC recevra environ 7 millions d’euros de recettes au titre de l’extension de la « taxe vidéo » en 2018, a rapporté l’Express le 14 novembre 2018. Numerama a confirmé ce chiffre auprès du Centre national du cinéma et de l’image animée.
Certes, c’est plus que ce que le CNC avait espéré. Mais cela ne correspond qu’à 1 % des revenus totaux générés par les taxes encaissées par l’organisme en 2017 (675,01 millions d’euros), comme on peut le calculer grâce au rapport d’activité de l’organisme sur l’an dernier. Les recettes du CNC n’ayant pas beaucoup augmenté ces trois dernières années, on peut projeter le fait qu’elles seront encore stables en 2018.
L’extension de la « taxe vidéo » votée par le gouvernement en 2017 et présentée comme une « grande victoire pour l’exception culturelle » a permis de faire payer les plateformes numériques étrangères, de YouTube (Google) à Apple (iTunes) en passant par Netflix ou Amazon (Amazon Prime Video). Ces géants de la tech se sont engagés à verser 2 % de leurs revenus générés en France au CNC.
Rencontré à Paris à l’automne 2018, le PDG de Netflix Reed Hastings a confirmé à Numerama que sa multinationale venait d’effectuer le premier versement des 2 % de ses revenus générés en France — qui serait rétroactif sur l’année 2018. Sur les 7 millions annoncés, impossible de savoir combien a versé, seul, Netflix — mais selon nos calculs précédents, cela se compte en millions d’euros.
Faire payer plus que 2 % ?
Ces 7 millions d’euros versés sur 2018 signifient que les géants américains ont déclaré, toutes plateformes confondues, 350 millions d’euros de chiffre d’affaires global généré par leurs plateformes vidéo en France (revenus publicitaires + montant des abonnements).
Selon l’Express, certains élus aimeraient déjà augmenter la taxe vidéo à plus de 2 % pour élever leur participation, mais rien n’est encore officiellement prévu dans ce sens.
Une victoire symbolique ?
L’extension de la taxe vidéo à Netflix, YouTube et les autres peut donc être vue comme une victoire, mais elle reste pour l’instant très symbolique à l’échelle du financement de la fiction française.
L’organise continue de se financer principalement grâce à la TSA (taxe spéciale additionnelle, qui correspond à 10,72 % du prix de chaque entrée au cinéma) et surtout la TST (taxe sur les services de télévision). À elles deux, elles comptaient pour 97 % du montant total des revenus de 2017 du CNC.
Plus cyniquement encore, on peut pointer du doigt le fait que ces 2 % de taxes permettent pour l’instant principalement au CNC de compenser la chute des recettes des taxes sur les DVD et les VHS (les quoi?), en baisse constante depuis 2014 (elle est passée de 19,4 millions en 2015 à 16,21 millions en 2017).
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