La société Akamai, connue pour ses services de mise en cache à destination des gros consommateurs de bande passante, a annoncé avoir racheté Red Swoosh, une société spécialisée dans la distribution de fichiers en P2P. Pour les professionnels, c’est le signe de plus que le P2P a gagné sa légitimité.

Akamai n’est pas un acteur bien connu du grand public, mais il est pourtant omniprésent dans les applications multimédia en ligne. La société est leader mondial dans les solutions d’accélérations pour le streaming, en particulier grâce à un réseau étendu de serveurs de mise en cache, qui permettent de répartir la charge et d’éviter les goulots d’étranglements. La semaine dernière, Akamai a annoncé l’acquisition de Red Swoosh pour 15 millions de dollars. Là aussi peu connue du grand public, Red Swoosh propose des technologies de calcul distribué et des services de partage de fichiers proches de BitTorrent. La société existe depuis six ans mais n’a jamais véritablement percé par rapport à ses concurrents plus populaires. Son acquisition signe un certain échec, avec un montant négocié relativement modeste par rapport au marché actuel qui connaît un renouveau depuis YouTube.

Une acquisition stratégique pour lutter contre BitTorrent

L’acquisition de Red Swoosh pourrait signer la contre-offensive d’Akamai contre BitTorrent et l’ensemble des réseaux P2P qui lui grignottent des parts de marché. Les technologies P2P, qui n’ont pas besoin des serveurs d’Akamai pour être performantes, se généralisent dans les nouvelles applications : Skype, Joost, Babelgum, Pando, Podmailing, Vuze (anciennement Zudeo)… Et le marché est potentiellement très important, avec un BitTorrent qui vend désormais des licences de son réseau pour les constructeurs de matériel de communication.

Pour Arthur Madric, qui dirige la société française 1-Click spécialisée dans la diffusion de médias en P2P, l’annonce de l’acquisition de Red Swoosh par Akamai est « une excellente nouvelle« . « Le pair-à-pair est maintenant sérieusement considéré comme architecture principale quand les compagnies développent leur portail de vidéo en ligne, alors que l’architecture de client-serveurs est souvent désapprouvée« , indique Madrid, qui précise que « naturellement elle n’est pas limitée au contenu vidéo« . « vous pouvez employer les réseaux P2P pour la musique, les images, les documents de travail, les archives, les programmes, etc.« , rappelle-t-il. Les perspectives sont grandes pour l’avenir commercial de l’ensemble des sciétés qui gravitent autour du P2P sans s’être accolées une image de « pirates ». Les services de 1-Click sont déjà employés par M6 Video, TF1 Vision ou encore Roland-Garros.

Mais il ne faudrait pas que la poutre commerciale de Red Swoosh cache la forêt du P2P. Le peer-to-peer est en effet l’un des rares marchés de l’informatique ou le logiciel libre fait figure de leader et non de challenger…

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