C’était l’une des annonces principales de Xavier Niel lors de la conférence dédiée à la Freebox Delta, applicable à la Freebox Delta S sortie par la suite : pour tous les clients éligibles aujourd’hui à la fibre optique, le débit ne serait plus de 1 Gb/s maximum, mais de 10 Gb/s. Soit un facteur 10 par rapport aux connexions actuelles. Dans l’esprit de nombreuses personnes, cela restera comme un argument de vente pour la Freebox Delta.
Certes, la communication est bien rodée : Free se garde bien de préciser quoi que ce soit sur ce débit « 10G ». De même, le « 10X plus rapide », qui pourrait passer dans une lecture rapide pour une référence à la 10G, concerne en fait la fonction DSL+4G — la combinaison de la connexion filaire et de la 4G. Cette fibre 10G, qui fait référence à la fibre à 10 Gb/s, a été présentée sur scène comme une révolution de l’accès au très haut débit, avec force démonstrations — on parle effectivement d’un très très haut débit qui ne manque pas de nous donner envie.
Et pourtant, au-delà de cette promesse d’un avenir numérique meilleur, la fibre 10G semble être encore très éloignée de nous. De manière minime à cause de Free. C’est plutôt à cause de l’écosystème qui est loin d’être prêt. Explications.
Un écosystème encore à construire
Côté Free, il faut encore une fois regarder la Fiche d’Information Standardisée pour trouver une première limite à cette fibre « 10G ». En pratique, elle sera limitée à 8 Gb/s. On se retrouve donc avec un débit descendant théorique inférieur à 10 Gb/s, qui donne son nom à la technologie. Côté débit montant, on est à 400 Mb/s, ce qui est loin d’une performance d’un débit dit « synchrone ». La fibre optique vendue chez Orange propose déjà 300 Mb/s en débit montant pour les particuliers et jusqu’à 500 Mb/s pour les professionnels.
Cela dit, ce serait faire la fine bouche : certes, l’offre n’est pas aussi rapide qu’elle le prétend, mais elle est quand même ultra-rapide. 8 Gb/s, c’est déjà 8 fois le débit de la fibre optique traditionnelle et très largement suffisant pour faire 99 % des activités grand public en ligne que propose le web moderne. Un service très dépendant du ping et de la bande passante comme l’ordinateur dans le cloud Shadow demande par exemple 20 Mb/s minimum pour du jeu. L’offre Freebox Delta offre 400 fois cette bande passante requise.
Mais le véritable problème de la fibre 10G aujourd’hui, c’est peut-être l’écosystème. Pour profiter d’une connexion à 10 Gb/s, il faut que votre matériel soit compatible. Aujourd’hui, les ordinateurs grand public compatibles sont les iMac Pro (autour de 5 500 € pour le moins cher) et le dernier Mac mini (port 10 Gb/s en option à 120 €, ce qui amène le moins cher des modèles à 1 019 €). si vous souhaitez relier votre tour PC à votre Freebox et profiter de ce débit, il faudra probablement installer une carte adéquate : par exemple, cette carte Asus à 100 € qui propose un unique port 10 Gb/s. Pour un ordinateur portable récent, il faudra imaginer passer par un adaptateur Thunderbolt 3 (cher).
Si vous souhaitez accéder à un NAS avec cette configuration, il vous faudra un switch avec au moins deux ports 10 Gb/s. On trouve quelques références dans les boutiques spécialisées, mais un modèle de base chez Netgear coûte par exemple 249 €. Un switch avec un port SFP+, coûte plus. Côté NAS, Asustor propose un modèle compatible à 279 € sans disque dur. Côté routeur Wi-Fi, on trouve toujours chez Netgear un Nighthawk de nouvelle génération à 500 € qui possède un port 10 Gb/s (mais tous les autres sont des ports classiques, ce qui signifie que vous ne pourrez pas distribuer cette vitesse en Ethernet sur votre réseau local). Bon point, ce routeur est déjà SFP+, la norme utilisée par Free, ce qui vous permettra de vous passer d’un convertisseur.
Parée pour l’avenir
Mais on comprend dans une vision à long terme que tous ces soucis initiaux n’ont pas été entrés dans le cahier des charges des ingénieurs de Free. Certes, l’offre n’est pas littéralement 10 Gb/s. Certes, l’écosystème 10 Gb/s n’existe pas ou n’est pas encore abordable. Mais en tant qu’opérateur, surtout sur la partie serveur, Free pense à 5 ou 8 ans de là. Si ce qu’on nomme le 10 Gb/s est aujourd’hui complexe, que les normes ne sont pas encore fixées comme l’a bien montré NextInpact, demain, le format sera probablement commun et proposé par de nombreux opérateurs.
Quand l’écosystème se sera mis en place, les possesseurs d’une Freebox Server pourront tout de suite s’équiper sans réfléchir. Avec cette possibilité, Free met en réalité l’upgrade à portée de main, quand tous les autres opérateurs, pour l’instant, ne sont pas techniquement à la hauteur avec leurs offres.
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