C’est la fin d’une époque pour Microsoft. Bientôt, son navigateur web — Edge — abandonnera ce qui faisait l’une de ses spécificités : EdgeHTML. Ce moteur de rendu, qui sert à afficher les éléments d’une page web, sera bientôt remplacé par Chromium, une alternative très populaire, puisqu’elle se trouve au cœur de Google Chrome, mais aussi de navigateurs secondaires comme Opera, Brave ou Vivaldi.
Cette bascule, qui faisait l’objet de rumeurs en début de semaine, a été confirmée par la firme de Redmond le 6 décembre : « Notre intention est d’aligner la plateforme web Microsoft Edge simultanément avec les standards Web et avec d’autres navigateurs Chromium. Cela permettra d’améliorer la compatibilité pour tous et de créer une matrice de test plus simple pour les développeurs web », écrit Joe Belfiore, l’un des vice-présidents du groupe.
Basculer pour survivre
La conception de Microsoft Edge avait pour objectif de faire oublier Internet Explorer et ses errements. Disponible depuis 2015, il devait être tout à la fois efficace, rapide, puissant et stable. Et s’il était meilleur qu’Internet Explorer, symbole d’une époque d’égarement, le logiciel n’a hélas pas convaincu : il a fini par être boudé par les internautes, à cause de trop nombreux bugs et ralentissements.
Résultat, les internautes ont préféré passer sur Chrome, techniquement plus abouti, mais aussi énormément mis en avant par la Google. Ce navigateur est aujourd’hui le plus populaire dans le monde.
La transition vers Chromium apparaît comme un choix dicté par la raison (Edge aurait actuellement une part de marché de 4,2 %, contre 65 % pour Google Chrome, selon des données de Net Applications de novembre 2018). Cela pourrait même être la planche de salut pour Edge, si les internautes découvrent que le navigateur de Microsoft repose sur les mêmes fondations que Chrome.
Ainsi, pourquoi aller télécharger Chrome sur Windows si, de base, le système d’exploitation est livré avec un logiciel qui affiche les mêmes performances en termes de vitesse, de fiabilité ou de consommation de mémoire vive ? D’autant que ce nouveau Edge sera livré sans les bugs et les problèmes qui pouvaient exister du temps d’Internet Explorer et de Edge sous EdgeHTML.
À noter, également, que Microsoft souhaite pouvoir rendre ce nouveau Microsoft Edge compatible avec d’autres plateformes comme macOS.
Les internautes suivront-ils ?
Edge ne va pas devenir Chrome : les autres navigateurs web qui se basent sur Chromium proposent chacun leur propre interface et d’autres fonctionnalités. Dans le cas de Edge par exemple, la navigation se fera sans les technologies de pistage de Google. À l’heure où les enjeux de vie privée sont très prégnants, un concurrent réel à Chrome qui a ses forces sans certaines de ses faiblesses peut être un vrai avantage compétitif.
Voilà pour la théorie. Il reste à savoir si en pratique ce sera le cas. Les autres navigateurs qui reposent sur Chromium ont en effet une part de marché confidentielle. Mais Microsoft a une puissance de feu qu’ils n’ont pas, à commencer par la maîtrise de Windows (ce n’est pas sur le cas sur mobile, où Apple impose ses règles sur iOS par exemple, où le moteur de rendu imposé est WebKit).
En attendant, Microsoft promet de contribuer à l’amélioration de Chromium, maintenant qu’Edge va reposer dessus. « Nous apporterons des améliorations à la plateforme web afin d’améliorer les navigateurs Chromium sur les appareils Windows », écrit ainsi Joe Belfiore. Ce faisant, la firme de Redmond fait un effort de plus dans le domaine du développement open source.
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