Google a transféré la propriété du nom de domaine duck.com à DuckDuckGo, un moteur de recherche rival. La firme de Mountain View possédait cette URL depuis 2010.

Sur le net, les entreprises n’achètent pas uniquement des noms de domaine où figure le nom de leurs marques. Elles en achètent aussi pour se prémunir du typosquattage, qui consiste à utiliser une URL très proche de celle qui est légitime, mais en misant sur une erreur de frappe, une faute d’orthographe, une autre extension (.net, .com, etc.) ou une écriture différente (en l’accordant au pluriel par exemple).

DuckDuckGo

Il s’agit d’un moteur de recherche qui assure se préoccuper de la vie privée des internautes et, par conséquent, déclare ne tracer ni les internautes ni collecter leurs informations. Sa popularité connaît une croissance significative depuis 2012, en fonction de l’actualité (par exemple les révélations d’Edward Snowden) et de ce que font ses rivaux (comme les règles modifiées chez Google).

Google, évidemment, n’échappe pas à cette obligation d’acheter plus d’adresses qu’il n’en a vraiment besoin. Ainsi, l’entreprise américaine possède googl.com, qui redirige sur la bonne adresse, google.com. C’est aussi une façon de protéger les internautes contre des intentions malveillantes, car l’on pourrait facilement duper les internautes en imitant la page de Google pour voler des identifiants de connexion.

Un élément clé de l’identité de son concurrent

Mais Google possède beaucoup d’adresses. Vraiment beaucoup. Certaines sont même très éloignées, dans leur intitulé, de ce que fait la firme de Mountain View. Ainsi, il s’avère que la société américaine possédait l’adresse duck.com. Problème : aucun service ou produit ne fait référence de près ou de loin à « duck ». Autre problème : ce mot est un élément clé de l’identité d’un concurrent direct de Google, DuckDuckGo.

D’une certaine façon, la possession de duck.com par Google était une forme assez rare de typosquattage. Mais cette propriété a pris fin : selon le site Namespro, qui a eu la confirmation de l’information auprès de DuckDuckGo, cette URL est maintenant entre les mains des gérants du moteur de recherche concurrent de Google. Elle redirige sur son adresse principale, à savoir duckduckgo.com.

Le montant de la transaction, s’il y en a eu une, n’est pas indiqué. À Domain Investing, la firme de Mountain View a simplement déclaré n’avoir rien de particulier à communiquer sur ce point. Le site estime que l’accord implique un montant à sept chiffres (donc au moins un million de dollars), mais c’est une évaluation au doigt mouillé. Une cession avec un montant symbolique reste possible.

Pour DuckDuckGo, la récupération de cette adresse est une aubaine, car elle va permettre au moteur de recherche de devenir encore plus facilement accessible, comme s’il s’agissait d’un raccourci. Ce sera particulièrement pratique sur mobile, où les longues adresses sont un calvaire à taper (cela dit, il existe une application mobile dédiée pour DuckDuckGo, mais cela sera utile pour celles et ceux passant par un navigateur web).

DuckDuckGo

Google avait cette URL depuis 2010

Reste une question : comment se fait-il que Google ait récupéré l’adresse duck.com ? L’histoire remonte à 2010, lorsque l’entreprise américaine a bouclé l’achat de la société On2 pour près de 125 millions de dollars. À l’époque, le géant du net voulait mettre la main sur cette entreprise américaine, car sa spécialité était la conception de codecs vidéo — ce qui intéresse Google, dans la mesure où il possède… YouTube.

Or avant de s’appeler On2 Technologies, la société en question se nommait… The Duck Corporation. Il était alors naturel que Google récupère, parmi les actifs de la société On2, les noms de domaine déposés en sa possession. Il est vrai que rien n’obligeait Google à répondre céder à la requête implicite de DuckDuckGo, né en 2008, qui en faisait un point de discorde avec le géant du net.

https://twitter.com/robshilkin/status/1020458019174223872

Comme le fait remarquer The Verge, Google a essayé cet été de proposer une solution intermédiaire, en affichant une série d’hyperliens pour orienter l’internaute selon sa recherche. C’est ce que montre la photo dans le tweet ci-dessus : si vous cherchez des informations sur les canards sur Wikipédia, cliquez ici ; si vous cherchez le moteur de recherche DuckDuGo, cliquez là ; etc.

En fin de compte, Google a fini par aller au plus simple plutôt que d’élaborer une solution alambiquée et source de confusion. C’est sans doute mieux pour tout le monde.

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