C’est une illustration supplémentaire des excès que Content ID, le système mis en place par YouTube pour repérer et réprimer les violations de droits d’auteur qui surviennent sur sa plateforme, peut entraîner : depuis le début de la semaine, des vidéos consacrées à Tekken 7 — un jeu de combat sorti en juin 2017 sur les consoles — sont automatiquement bloquées.
Le plus surprenant, c’est que ce n’est pas l’éditeur du célèbre jeu de baston, Bandai Namco, qui est à l’origine de ces mises à l’index : c’est Canal+. Or à première vue, la chaine de télévision cryptée n’a rien à avoir avec le secteur vidéoludique. Le groupe conçoit des programmes télévisuels, qu’il s’agisse d’œuvres de fiction comme Le Bureau des Légendes ou bien émissions de TV.
Quand une chaîne diffuse des contenus tiers
Le problème, c’est que l’une de ces propriétés de Canal+, la chaîne de télévision généraliste Clique TV, a diffusé des séquences de Tekken 7. Cela s’est produit lors d’une émission sur les jeux vidéo, au cours de laquelle l’humoriste Tony Saint Laurent, invité pour parler de son actualité, plaçait amicalement quelques bourre-pifs à Marc, l’animateur du programme.
Sur les réseaux sociaux, l’affaire a pris une ampleur significative : plusieurs internautes ont critiqué l’attitude de Canal+, dans la mesure où c’est le groupe de TV qui est apparu comme à l’origine de ces strikes. D’autres ont également fait remarquer que normalement Canal+ n’a pas le droit d’utiliser Content ID dans ces conditions, lorsque du contenu qui ne lui appartient pas apparaît dans ses vidéos.
Content ID a des règles d’utilisation
Dans un article consacré à l’éligibilité du système anti-piratage, il est spécifié que les chaînes « doivent être en mesure de fournir la preuve qu’ils possèdent les droits d’auteur du contenu pour lequel elles contrôlent les droits exclusifs ». Parmi les éléments qui ne peuvent pas être considérés comme exclusifs figurent notamment les vidéos de gameplay — en l’occurrence, celles montrant abondamment Tekken 7.
Le fait est que le système Content ID a malgré tout été activé sur cette vidéo spécifique. Et de toute évidence, la controverse née sur les réseaux sociaux a fini par remonter chez Clique TV puisque, selon nos informations, la chaîne de TV va supprimer directement la vidéo litigieuse, dans la mesure où la gestion des droits automatisée est difficilement accessible pour des cas si particulier.
Vers un durcissement de Content ID
L’affaire est assez désastreuse en termes d’images, qu’il s’agisse de Content ID — qui se retrouve à neutraliser des contenus qui ne sont pas censés se faire striker, en tout cas pas par Clique TV ou Canal+ — ou aussi de Canal+, qui apparaît ici comme le vilain de l’histoire alors que la chaîne a légitimement le droit de vouloir protéger les droits d’auteur liés à Clique TV.
Dans un contexte européen particulier, où une directive est sur le point d’accentuer les effets néfastes de Content ID au nom de la protection du droit d’auteur, cette affaire tombe à pic pour YouTube et Google, pour critiquer les conséquences attendues de ce texte. Et si les vidéastes de premier plan auront les armes pour alerter YouTube en cas de souci, les plus petits, eux, risquent de subir en silence.
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