Voilà qui explique sans doute en partie pourquoi Gaumont est resté jusque là très éloigné des services de vidéo à la demande (VOD), en ne proposant que les films Il était une fois dans l’Oued et Palais Royal. Son président Nicolas Seydoux (également président de l’association de lutte contre la piraterie audiovisuelle, Alpa) freinait des quatre fers le passage à la VOD qui, par titre vendu, rapporte au producteur moins que les DVD et entrées de cinéma. Mais selon le Journal du Net, Gaumont prévoit en fait de lancer sa propre plate-forme de VOD.
Le producteur, distributeur et exploitant pourrait ainsi faire cavalier seul et profiter d’Internet pour s’adresser directement aux consommateurs pour vendre ses films, sans intermédiaires. La stratégie, qui n’a jamais véritablement pris dans l’industrie musicale malgré des tentatives isolées, commence à avoir un certain succès dans l’audiovisuel et surtout la télévision. En France notamment, les services TF1 Vision, M6 Video ou France TVOD habituent le consommateur à aller chercher des contenus vidéos sur les sites de leurs producteurs et diffuseurs respectifs. Mais si l’internaute sait que Lost est diffusé sur TF1 et que Camelot est proposé sur M6, il y a pour l’industrie du cinéma et de la musique une difficulté supplémentaire.
Qui sait quels sont les films produits par Gaumont et les chansons produites par Universal ou Warner ? Pour réussir le pari de la désintermédiation, il faut d’abord réussir à imposer sa propre marque de producteur et de distributeur, et à l’associer fortement aux contenus proposés. C’est dans cette optique qu’Universal et EMI signent leurs spots TV en finissant par des slogans du type « nos artistes ont du talent ».
Chez Gaumont, le projet de VOD semble encore à un stade précoce. Gaumont « travaillerait à la création d’une filiale chargée de développer une plate-forme de location de films en ligne« , nous dit le Joural du net. « Pour cela, le groupe a chassé l’ex-directeur des relations institutionnelles de la division contenu d’Orange, Jérôme Soulet. Ce dernier représentait notamment l’opérateur lors des renégociations, infructueuses, de l’accord interprofessionnel sur la vidéo à la demande de 2005« , précise notre confrère.
En attendant, les contenus vidéo de Gaumont en ligne restent beaucoup plus faciles à obtenir par la piratage que par les services marchands. Un comble lorsque le président de Gaumont dirige la plus grande association en France de lutte contre le piratage audiovisuel…
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