Pourquoi regarder un film en 2 heures quand on pourrait le faire en une année ? Bryan Boyer, un grand adepte de slow motion explique dans une publication postée sur Medium le 22 décembre comment il savoure ses œuvres cinématographiques préférées… très au ralenti.
24 images par heure
C’est en faisant une petite balade à pied à Brasilia, au Brésil, que Bryan Boyer a découvert sa passion du slow motion. Là-bas, explique-t-il, les paysages sont faits pour être contemplés depuis une voiture en mouvement, de loin. Pourtant, lorsqu’il s’y promenait à pied, il ne cessait de découvrir de petits détails intriguants au milieu des immeubles. « Avec un peu de patience », écrit-il, on découvre bien des choses « inattendues et délicieuses ».
De retour chez lui, il s’est questionné sur les films qu’il regardait. Il n’avait testé les films au ralenti qu’une seule fois, dans le cadre d’une exposition.
Il s’est alors mis à créer ce qu’il a appelé un VSMP, pour « very slow movie player » (littéralement, lecteur de films très lents). Celui-ci fonctionne grâce à un Raspberry Pi et un écran d’affichage semblable à une tablette Kindle. Le tout est contenu dans un cadre créé grâce à une imprimante 3D, précise Bryan Boyer.
L’appareil doit être connecté à un ordinateur (ici, le Raspberry Pi), sur lequel est contenu le film. Il extrait une image de film toutes les 2 minutes 30, et l’affiche sur son écran (en noir et blanc). Ainsi, le VSMP diffuse 24 images par heure, contre 24 par seconde en moyenne pour un film classique.
D’après nos calculs, cela permet de regarder un film d’1h30 en 298 jours, et un film de 2h en… 398 jours.
Des « films très lents », mais pas que
Mais attention : à en croire Bryan Boyer, les films passés à 1/3 600ème de leur vitesse originale ne seraient pas seulement « des films très lents », mais plutôt une sorte « d’horloge ». « Elle ne vous donne pas l’heure, elle vous aide à résister aux bavures du temps qui passe », dit-il de manière très poétique.
Selon lui, les films ralentis demanderaient aussi paradoxalement moins de temps. Les œuvres traditionnelles, justifie-t-il, demandent à ce qu’on prenne un temps imparti pour les regarder, et uniquement pour cela. Sur le VSMP (que l’on voit ci-dessous… en accéléré), il devient impossible de les visionner ainsi. Il faut se contenter de capter de petits morceaux de film de temps à autre, au hasard.
Fini les films dans le noir
Enfin, Bryan Boyer assure que l’expérience visuelle serait incomparable avec celle que l’on aurait avec un téléviseur. Puisque sa « tablette » se contente de réfléchir une image plutôt que de l’émettre, ce que l’on voit est influencé par notre environnement. Par exemple, si la pièce dans laquelle le VSMP se trouve est sombre, l’image sera sombre, et inversement. Il paraîtrait qu’on savoure ainsi davantage un film, que l’instant est plus « expérimental » – accessoirement, cela a aussi pour effet de rendre le film impossible à regarder après 17 heures en hiver, comme on peut le voir ici :
L’auteur de la publication ne précise pas combien d’électricité son dispositif consomme par rapport à une télévision classique. Il indique toutefois que l’écran d’affichage est peu gourmand en énergie. Le matériel est aussi peu coûteux, dit-il, si bien que l’on pourrait envisager de l’utiliser pour projeter des films dans des parcs publics, des aéroports ou même sur des façades d’immeubles. On voit mieux à quoi pourrait servir le VSMP, qui ne semble pas idéal pour binge-watcher la dernière série Netflix à la mode.
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