La messagerie WhatsApp n’est malheureusement pas épargnée par le problème de la désinformation. Si des fausses nouvelles ont une gravité toute relative, à l’image de la récente arnaque aux billets gratuits prétendument offerts par les parcs d’attractions, d’autres ont des conséquences bien plus dramatiques. C’est pour cela que WhatsApp a pris la décision de restreindre le transfert d’un message.
Dorénavant, un même message ne pourra être partagé à plus de 5 destinataires, au lieu de 20 jusqu’à présent. « Nous en avons choisi 5 parce que nous croyons qu’il s’agit d’un nombre raisonnable pour atteindre des amis proches tout en aidant à prévenir les abus », a expliqué au Guardian Carl Woog, le chef de la communication au sein de la société.
Des rumeurs qui ont déjà tué
Car il s’avère que de graves dérives ont eu lieu à cause de rumeurs propagées sur WhatsApp. En juillet 2018, raconte BuzzFeed, les habitants d’une commune rurale en Inde ont en vent de kidnappeurs d’enfants via la plateforme de discussion. L’affaire s’est très mal terminée, puisque cinq passants n’appartenant pas au village se sont fait tabasser à mort.
Ce n’est pas un phénomène isolé : à la même période, les médias locaux indiquaient qu’au cours des deux derniers mois ce sont plus de vingt personnes qui se sont fait lyncher dans le pays parce qu’elles ont été accusées sans preuve d’avoir enlevé des mineurs. C’est pour cela que WhatsApp a décidé en juillet 2018, d’abord pour l’Inde, de limiter la propagation d’un même message à cinq personnes.
Cette mesure locale est aujourd’hui étendue au monde entier.
Inexpérience des internautes
Dans un autre registre, il y a eu le phénomène du Momo Challenge, qui prend la forme d’instructions circulant sur WhatsApp. Le destinataire est censé réaliser des challenges dictés par Momo, le dernier étant le suicide. En réalité, il s’agit en réalité plutôt d’une farce macabre. Le Monde est revenu sur cette légende urbaine dans un article décrivant l’itinéraire d’une psychose collective.
Le Washington Post, qui était lui aussi revenu sur ce mythe, s’était alarmé au sujet du cocktail détonnant entre les particularités techniques de WhatsApp et l’inaptitude des internautes : « la combinaison d’usagers inexpérimentés et analphabètes du numérique associés au chiffrement de WhatsApp, s’est avérée toxique, entraînant la peur, l’incompréhension et, dans certains cas, la violence ».
En France, le phénomène du Momo Challenge a donné lieu à une plainte d’un père contre l’État français, WhatsApp et YouTube, estimant que son fils s’est suicidé à cause de ça.
La confidentialité des messages interrogée
Face au problème de la désinformation, il a même été envisagé, en filigrane, de remettre en cause le chiffrement de bout en bout de WhatsApp. En septembre 2018, Mark Zuckerberg s’est fendu d’un message sur Facebook pour expliquer que si « donner la parole aux gens est au cœur de notre mission », l’entreprise a « aussi la responsabilité d’assurer la sécurité des gens ».
« Le chiffrement accroît la protection de la vie privée et la sécurité des personnes, mais rend plus difficile la lutte contre la désinformation et la haine à grande échelle », expliquait-il alors. « Bon nombre des décisions les plus difficiles auxquelles nous sommes confrontés impliquent des compromis difficiles entre des principes auxquels nous tenons profondément », ajoutait-il.
Quatre mois plus tard, rien n’a finalement changé sur ce terrain : le chiffrement de bout en bout est toujours là, même s’il constitue un obstacle de taille pour lutter contre la diffusion des fausses nouvelles. À la place, la plateforme a préféré opter pour une limite technique moins controversée, puisque celle-ci ne remet pas en cause l’intégrité et la confidentialité des messages, mais simplement les diffusions excessives.
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