Dans le futur, le ciel pourrait être peuplé d’avions de ligne supersoniques. Ces véhicules, qui ne faisaient plus beaucoup parler d’eux ces dernières années, reviennent au cœur de l’actualité. Plusieurs startups spécialisées dans l’aviation espèrent ainsi remettre en place un service permettant de profiter des vols dépassant la vitesse du son.
L’idée semble plaire au Congrès des États-Unis puisque celui-ci a accepté un projet de loi visant à modifier l’Administration fédérale de l’Aviation (FAA). Parmi les changements, on trouve l’abolition d’une loi de 1973 qui interdisait les vols commerciaux dépassant la vitesse du son au-dessus du territoire de l’Oncle Sam. Voir disparaître une telle restriction a donné un nouvel élan à l’industrie aéronautique américaine qui ne veut pas manquer le retour d’un marché disparu depuis la fin des vols du Concorde en 2003.
Pour les entreprises qui se lancent dans l’aventure, l’objectif est double : proposer des voyages deux fois moins longs qu’un vol classique, tout en évitant l’inconvénient majeur du bruit. Ces avions provoquent en effet des « bangs supersoniques », provoqués par un dépassement de la vitesse du son, loin d’être agréables. Quelle structure sera capable de proposer le bon équilibre entre performance et confort ? Petit tour d’horizon des projets les plus avancés.
Lockheed Martin X-59 QueSST
Non content d’être le leader des entreprises de défense et de sécurité dans le monde, Lockheed Martin a été choisi par la NASA en 2018 dans le but de créer un « avion de test » supersonique. C’est plus précisément sa division Advanced Development Programs, officiellement baptisée Skunk Works, qui doit se charger du design du X-59 QueSST.
Si l’on ne parle pas directement d’un avion de ligne ici, c’est parce que la NASA cherche avant tout à développer un moteur silencieux et à le tester. Si l’avion doit être capable d’atteindre les 1 512 km/h, il ne doit pas provoquer de « bang supersonique » trop audible. Selon les annonces de Lockheed Martin, « le X-59 créera un bruit similaire à celui d’une porte de voiture qu’on claque, soit un niveau sonore de 75 décibels ».
Pour avoir une idée de leurs résultats, la NASA et son partenaire prévoient de faire voler leur avion au-dessus de plusieurs villes majeures des États-Unis en 2023. Les réponses des habitants permettront d’adapter les recherches et la construction du moteur silencieux. À l’origine, cette technologie visait à établir un standard de niveau sonore acceptable pour passer outre la loi bannissant le vol supersonique au-dessus du territoire américain. Désormais, elle pourrait éviter aux habitants de subir des « bangs supersoniques » réguliers dans un futur où ces avions décolleraient régulièrement.
Aerion AS2
Avec l’AS2, on ne parle cette fois-ci pas d’un appareil dédié aux tests, mais bien aux vols commerciaux. La société Lockheed Martin est à nouveau de la partie puisqu’elle est en partenariat avec Aerion sur ce projet. C’est également le cas de General Electric et sa branche GE Aviation, le premier fournisseur mondial de réacteurs d’avions.
L’association entre Aerion et GE Aviation est particulièrement importante puisque la création de l’AS2 repose sur le General Motors Affinity. Ce moteur, dont le premier design a été complété en 2018, est qualifié par Aerion de « premier moteur supersonique destiné aux avions d’affaires ». Il devrait être terminé en même temps que le véhicule pour permettre à la construction de l’AS2 de rester dans les temps et de permettre un premier vol en 2023. Quant à Lockheed Martin, sa fonction est la même qu’avec le X-59 de la NASA : créer un design permettant des vols « BOOMLESS CRUISE », c’est à dire sans nuisance sonore.
Pour ce qui est des capacités de l’AS2, Aerion annonce une vitesse de croisière à Mach 1.4, soit 1 609 km/h. La distance parcourue sans refaire de plein devrait varier entre 7 780 km (à mach 1.4) et 10 000 km (à mach 0.95). Les spécifications techniques de l’appareil ne précisent pas combien des sièges seront disponibles. Le fait que l’appareil mesure 51.8 mètres de bout en bout et que seuls sept hublots soient représentés sur les dessins de présentation laisse penser que peu de places seront accessibles. Reste à savoir quel sera leur coût .
Spike S-512
Avec le S-512, on reste dans le domaine du jet d’affaires supersonique. À la différence de ses concurrents, Spike Aerospace travaille sur ce projet depuis 2013 et espère voir son premier vol au cours de l’année 2021. Comme les autres par contre, la société annonce une technologie permettant au bruit d’être réduit jusqu’à passer en dessous des 75 décibels.
Le S-512 doit également atteindre Mach 1.6 en vitesse de croisière, soit 1 770 km/h, et tenir 11 500 km sans faire de plein. Le site officiel de Spike Aerospace propose d’ailleurs une carte indiquant le temps de trajet entre plusieurs grandes villes à bord du S-512. On y découvre par exemple qu’un Londre-New Delhi durerait 4h au lieu de 7h30 et un Los Angeles – Shangai 5h au lieu de 10h.
L’avion de Spike Aerospace est clairement prévu pour une clientèle de luxe, plus encore que ses concurrents. La société s’attarde ainsi beaucoup sur ce que propose l’intérieur de l’avion et ses 18 places disponibles. On pense aux écrans haute définition installés tout le long de l’avion permettant de choisir la vue que l’on souhaite, ou aux capacités d’adaptation de l’engin qui permettent de mettre en place une chambre, une cuisine ou une salle de conférence. En bref, le S-512 ne sera pas pour toutes les poches, et pour cause : il coûtera à l’unité la modique somme de 100 millions de dollars.
Boom Overture
De tous les avions supersoniques, l’Overture de la société Boom est celui qui se rapproche le plus du Concorde. Comparée à ses concurrents ci-dessus, sa capacité de transport est bien plus importante. Avec les 55 passagers et l’équipage, ce sont 60 personnes qui pourront voyager à bord. Les images d’illustration disponibles sur le site de Boom Supersonic montrent tout de même un dispositif de classe affaires qui ne sera pas accessible à tous.
Qui dit plus gros transport de passagers, dit forcément plus de contraintes en matière de vitesse et de déplacement général. L’Overture ne peut ainsi atteindre « que » Mach 2.2 (2 335 km/h) et doit faire un plein tous les 8 334 kilomètres. Cela devrait tout de même lui permettre, selon les annonces de la compagnie, de proposer des vols divisant par deux les trajets, comme un Tokyo – San Francisco en 5h30 au lieu de 11h.
S’il ne promet pas une réduction de bruit similaire à la concurrence, mais produisant tout de même « un boom 30 fois inférieur à celui du Concorde », l’Overture est le seul à essayer de proposer un vol supersonique « accessible ». Le premier décollage n’est pas encore annoncé, mais le Concorde a peut-être trouvé ici son fils spirituel.
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