L’armée américaine a mené une opération en 2018 pour entraver l’accès à Internet d’une « ferme à trolls » russe accusée de vouloir entraver les élections de mi-mandat.

À l’approche des élections de mi-mandat, qui se sont déroulées le 6 novembre 2018, les États-Unis étaient sur la défensive pour éviter toute ingérence étrangère pouvant perturber le bon déroulement du scrutin. Les services fédéraux n’étaient pas les seuls à être sur le pont : les entreprises du secteur privé étaient aussi de la partie, à l’image de Microsoft ou de Facebook.

Ce que l’on ne savait pas, en revanche, c’est le volet offensif de cette stratégie visant à empêcher toute immixtion — essentiellement russe, car Moscou est accusé par les services de renseignement américains (contrairement à Donald Trump, qui n’y croit pas) d’utiliser Internet pour diviser l’électorat outre-Atlantique et orienter le vote dans une direction qui lui serait favorable.

La meilleure défense, c’est l’attaque

L’existence de ce volet a été partiellement dévoilée le 26 février par le Washington Post. Le journal américain déclare, en s’appuyant sur des sources gouvernementales restées anonymes, que l’armée américaine a mené une opération en Russie, plus précisément à Saint-Pétersbourg, pour neutraliser un organe de propagande que l’on dit lié au Kremlin. Une opération évidemment menée à distance, via les réseaux.

C’est très exactement l’United States Cyber Command qui a conduit l’assaut virtuel. Il s’agit d’un commandement militaire chargé de la sécurité de l’information. Mis en place en 2010, il a d’abord été subordonné au Strategic Command, qui gère l’arsenal nucléaire déjà fabriqué, avant d’être rendu indépendant en 2018 à la suite d’un décret pris par Donald Trump.

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Le Cyber Command, la NSA et le CSS.

Source : Fort George G. Meade

L’IRA dans le viseur  des autorités

La cible du Cyber Command ? L’Internet Research Agency (IRA), dont les locaux sont situés à… Saint-Pétersbourg. Ce nom vous est peut-être familier : cette société est décrite comme une « ferme à trolls » qui est suspectée d’agir dans l’intérêt du Kremlin. Dans le viseur des réseaux sociaux occidentaux, comme Facebook et Twitter, son nom est parfois associé à la victoire de Donald Trump ou au Brexit.

Il est à noter que Robert Mueller, ex-patron du FBI devenu procureur spécial aux USA pour enquêter sur les accusations d’ingérences russes dans l’élection présidentielle américaine de 2016, a, en février 2018, a inculpé l’Internet Research Agency ainsi que deux autres entités et treize individus. En 2017, il a été établi que l’IRA a acheté pour 100 000 dollars de publicités politiques sur Facebook pour répandre des messages clivants.

« Ils ont débranché l’IRA »

L’opération conduite par le Cyber Command a été relativement modérée, afin de ne pas prêter le flanc à une éventuelle escalade avec la Russie : en effet, il n’a été question que de perturber l’accès à Internet de la ferme de trolls le 6 novembre mais aussi les deux jours suivants, « pour empêcher les Russes d’organiser une campagne de désinformation qui a jeté le doute sur les résultats », écrit le Post.

« En somme, ils ont débranché l’IRA », selon un responsable interrogé par le journal. Il n’est pas précisé si d’autres actions contre l’IRA ont eu lieu ou si d’autres structures ont aussi été visées dans la foulée. Il n’est pas dit non plus s’il y a eu une quelconque riposte du côté russe. Dans ce domaine, les actions se déroulent généralement dans l’ombre et sont placées sous le sceau du secret, loin du regard du public.

Du côté américain, on a voulu faire comprendre avec cette action, qui a pris la forme d’un avertissement, que les opérations contre les USA se paient tôt ou tard.

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