C’était, pour une fois, une vraie surprise. Alors que toute l’attention était concentrée sur les Galaxy S10 les semaines — et mois passés — et que l’on pensait le Galaxy Fold de Samsung comme une surprise de quelques secondes en fin de conférence, le Coréen a tout inversé. C’est le Fold qui a ouvert la conférence du 20 février 2019 et qui a occupé les 20 premières minutes de la scène. Au lieu d’un teasing, nous avons tout eu : des démonstrations, un design, des caractéristiques (certes incomplètes) et même un prix et une date de sortie. Le microévénement de fin de conférence s’est transformé en pièce centrale.
Pas étonnant, après une telle entrée en matière, que les annonces Galaxy S10 aient été accueillies en demi-teinte dans l’audience, qui retenait ses applaudissements. Et en effet, comment estimer que Samsung va fêter les 10 ans de sa gamme avec une excellente déclinaison d’un smartphone conventionnel, quand, dans le même temps, il présente un objet entré dans les fantasmes de tous les technophiles depuis près de 10 ans ? Épineux choix de communication.
Mais si l’on reste uniquement sur le Galaxy Fold, c’est un challenge tout autre que Samsung s’est donné — et d’autant plus difficile à relever. En étant le premier constructeur grand public à dévoiler un appareil fonctionnel, daté et dont on connaît le prix (la blague de Royole et les rendus en images de synthèse de Xiaomi ne comptent pas), Samsung devient celui qui doit répondre à la question qui est déjà sur toutes les lèvres : un smartphone pliable, à quoi ça sert ? Et surtout, en quoi est-ce mieux qu’un smartphone ou qu’une tablette ?
Devenir un champion de la tech
À la première question, Samsung n’a pas réellement répondu lors de sa conférence. Tout juste a-t-on vu quelques esquisses de l’interface. La possibilité d’utiliser 3 applications en même temps sur le même écran. Des photos qui peuvent être prises en mode plié et déplié. Une lecture des contenus multimédia plus confortable. Autant d’arguments qu’on entend volontiers, mais qui ne nous touchent pas plus que cela : après tout, un smartphone classique a aujourd’hui une taille plus que confortable pour tous ces usages.
La deuxième question fait appel à un concept que les entreprises essaient de vendre depuis des années sans forcément y parvenir : celui de la convergence des usages et par extension, de la convergence des appareils. On veut nous faire croire que le tout-en-un du numérique existe.
Problème : personne n’y est jamais arrivé. Asus a tenté avec ses smartphones qui se transforment en tablette. Razer a imaginé un smartphone qui se transforme en ordinateur. Microsoft a fait croire que la tablette tactile était l’avenir de Windows — on connaît le résultat : Windows 8 à la poubelle et une gamme Surface sauvée parce qu’elle est avant tout composée de bons ordinateurs. Même Apple, qui a démocratisé le smartphone et la tablette tactile, partant de concepts brouillons et avec un terrain vague en matière d’usage à l’époque n’a pas réussi à faire entendre que l’iPad Pro pouvait strictement remplacer un MacBook.
De la communication à la réussite, il n’y a qu’un concept : l’usage
Ces soucis rencontrés par toute l’industrie sont ceux qui se présentent aujourd’hui devant le Galaxy Fold. Et Samsung, qui a réussi sans nul doute la prouesse technique et l’exercice de communication, va désormais avoir le plus grand défi de son existence à relever : définir la manière dont l’informatique mobile sera utilisée demain, grâce à des appareils pliables. Un défi à sa portée, tant on sait le Coréen capable du meilleur, mais un défi tout de même risqué. Il n’est en effet pas rare de voir le premier essuyer les plâtres pour le reste de l’industrie, avant qu’un champion, dans le bon timing et avec les bonnes idées, sublime un concept et marque l’histoire de la tech — ce qui n’arrive pas avec des réseaux sociaux sur un frigo ou un assistant connecté à la traîne.
Aujourd’hui, Samsung est un communicant. Demain, Samsung devra être un champion.
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