Alors que la gamme iPad était assez simple à comprendre, Apple s’est dit qu’il serait sans doute intéressant de la compliquer. Le lundi 18 mars 2019, la firme de Cupertino a donc annoncé un nouvel iPad Air et, à dire vrai, personne ne s’y attendait.
À côté, le renouvellement de l’iPad mini, dont la quatrième génération était toujours vendue et commençait à dater, apparaît des plus logiques. Mais l’iPad Air ? On a beau prendre du recul face à cette révision surprise, on a du mal à saisir l’intérêt de ce produit. Il est positionné entre l’iPad (rapport qualité prix imbattable) et l’iPad Pro (aux fonctionnalités de pointe) sans réellement justifier sa place à un tarif qui ressemble à celui des iPad des débuts (500/600 euros). Et si l’iPad en tant qu’objet va garder son statut de meilleure tablette tactile du marché sans nul doute, ce nouvel arrivant pose question.
Pourquoi ressusciter l’iPad Air ?
En 2017, Apple introduisait l’iPad, une tablette réduite à sa plus simple expression pour être plus abordable et devenir, un an plus tard, l’extraordinateur compatible avec l’Apple Pencil. Encore aujourd’hui, le rapport qualité/prix est imbattable pour le grand public et l’iPad de 2018 demeure un outil formidable pour la sphère éducative.
En quelque sorte, cet iPad 2018 était l’iPad Air 3 jusqu’à ce que l’iPad Air 3 soit officialisé. C’est un signe fort : Apple refuse d’enterrer sa marque Air, qui a fait le succès de ses gammes MacBook (une nouvelle version a même été annoncée l’année dernière) et iPad (les Air 1 et 2 furent des modèles d’excellence). Et tant pis pour la confusion au sein du catalogue devenu d’un coup très, très complexe. iPad mini, iPad et iPad Pro ? C’était clair. iPad mini, iPad, iPad Air et iPad Pro ? Ça se complique…
Le port Lightning, pourquoi ?
Si Apple voulait lancer un élan de nostalgie avec un nouvel iPad Air, alors il ne s’y serait pas pris autrement. Sa tablette respire tout sauf l’avenir de la gamme. Symbole de ce constat ? La conservation du port Lightning, nécessaire au rechargement de la batterie. Là encore, la confusion est de mise : pourquoi l’iPad Pro est-il passé à l’USB-C quand les futurs modèles restent au Lightning ? On a du mal à suivre la logique.
Pire, les utilisateurs Apple vont encore devoir jongler avec les câbles et les adapteurs. Car Apple fournit toujours un câble Lightning vers USB-A dans la boîte… Comprendre : vous ne pourrez pas relier votre iPad Air à votre MacBook Air de 2019 sans passer par un adaptateur. Année après année, l’écosystème Apple perd en clarté à mesure qu’il tente de contenter tout le monde.
Seule justification de la présence d’un connecteur Lightning ? Il est indispensable pour recharger et appairer l’Apple Pencil de première génération. Eh oui, il y a deux stylets différents au sein d’une même gamme de produits…
Le port jack, pourquoi ?
Comme avec le port Lightning, Apple souffle le chaud et le froid concernant le port jack. Premier constructeur majeur à le retirer de ses téléphones (une décision critiquée à l’époque, mais aujourd’hui imitée en masse par la concurrence), il ne l’a pas définitivement enterré pour autant. L’iPad Pro en est dépourvu ? C’est bien le seul au sein de la gamme — une énième anomalie. Et pourtant, Apple a porté l’argument du Bluetooth et avec ferveur, parlant d’un choix courageux à l’époque de l’abandon du petit connecteur rond.
En somme, la posture ferme sur les iPhone (il n’y a même plus d’adaptateur Lightning vers jack fourni dans la boîte) n’est pas appliquée pour tous les iPad. Il faut suivre.
Sa place dans la gamme
Si l’on se réfère aux fiches techniques, il est un petit peu plus grand (10,5 contre 9,7 pouces) et puissant (A12 Bionic contre A10 Fusion) que le simple iPad. Il a aussi pour lui un Smart Connector pour gagner un Smart Keyboard, vendu en option (moyennant 179 euros), et un écran de meilleure qualité (embarquant la technologie True Tone, par exemple).
En quelque sorte, Apple a recyclé la coque de l’ancien iPad Pro 10,5 pouces pour faire un iPad Air qui est autant un super iPad qu’un sous iPad Pro 2018. Le marché montre pourtant que les produits au positionnement trouble peinent à trouver leur public. Celles et ceux qui surveillent leurs finances mettront-il 200 euros de plus pour quelques pouces supplémentaires, un affichage plus agréable et la possibilité de lui flanquer un clavier très cher ? Les férus de productivité accepteront-ils d’économiser 300 euros en perdant beaucoup (Face ID, quatre hauts-parleurs, meilleur écran…) ? Rien n’est moins sûr.
En conclusion, cet iPad Air ne semble pas, à première vue, avoir de réels arguments qui lui permettront de se démarquer. Contrairement à l’iPad mini 5 avec son format distinctif et ses nombreux fans.
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