Le développement du Boeing 737 MAX a-t-il été réalisé dans les règles de l’art ? Et surtout, son processus de certification, qui a été en partie délégué au constructeur aéronautique lui-même au lieu d’être géré entièrement par l’agence fédérale américaine de l’aviation civile, a-t-il une responsabilité dans les deux catastrophes aériennes du 29 octobre 2018 et du 10 mars 2019 ?
Voilà les questions auxquelles la justice et l’administration américaines entendent répondre aussi vite que possible, alors que l’ensemble de la flotte — il y a près de 400 exemplaires de Boeing 737 MAX dans le monde — a été cloué au sol en attendant de comprendre les raisons du décrochage de l’appareil dans les minutes qui suivent son décollage.
Selon le Wall Street Journal, les procureurs fédéraux et le ministère des Transports s’intéressent au développement de cet avion, qui est en fait un Boeing 737 dont la motorisation a été changée. Il est doté de deux moteurs plus volumineux et plus performants, lui permettant de consommer moins de carburant : 16 % de moins par rapport aux moteurs de la génération précédente.
Outre la conception de l’appareil, c’est la supervision réalisée par l’autorité américaine de l’aviation civile qui interroge. La presse a révélé que l’agence a confié en partie à Boeing le soin de certifier lui-même son appareil, ce qui soulève de gros doutes sur la qualité des vérifications qui ont été effectuées, mais aussi sur le sérieux de la procédure, puisque Boeing s’est retrouvé à la fois juge et partie.
Communication de crise pour Boeing
Avec une double tragédie aérienne en l’espace de quatre mois, l’ouverture d’un volet judiciaire aux États-Unis, les doutes sur la fiabilité du 737 MAX, la neutralisation de toute la flotte dans le monde entier et les rapports troubles avec l’autorité américaine de l’aviation civile, la zone de turbulence dans laquelle se trouve Boeing actuellement promet d’être très longue. Et son issue incertaine.
Cela ne surprendra donc personne de voir une communication de crise se mettre en place au plus haut sommet du constructeur aéronautique. Lundi 18 mars, le PDG du groupe, Dennis Muilenburg, a ainsi publié une lettre adressée aux compagnies aériennes, aux passagers à l’ensemble de la communauté de l’aviation pour leur rappeler à quel point la société a le souci de la sécurité aérienne.
Un correctif logiciel et une formation dans les tuyaux
Sur la situation du 737 MAX, Dennis Muilenburg a promis la prochaine délivrance d’un correctif logiciel et la fourniture d’une formation spécifique pour les pilotes amenés à prendre les commandes de cet avion. Ces deux actions « répondront aux préoccupations soulevées à la suite de l’accident du vol Lion Air 610 », explique le chef d’entreprise, en référence au premier crash.
Assurant coopérer pleinement avec toutes les parties prenantes dans cette affaire, des États-Unis aux compagnies aériennes ayant perdu un appareil, Boeing précise avoir aussi dépêché du personnel en Éthiopie, là où a été perdu le deuxième aéronef, « pour appuyer l’enquête et fournir une expertise technique », notamment pour déterminer ce qu’il s’est passé dans le cockpit et connaître les paramètres de vol.
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