Lala.com était jusqu’à présent reconnu comme un ovni dans l’univers numérique de la musique en ligne. Plutôt que de proposer des téléchargements, Lala offrait aux utilisateurs les moyens de s’échanger des CD physiques avec pour la première fois (contrairement aux marchés de l’occasion traditionnels) l’assurance de rémunérer les artistes. C’était déjà osé.
Cette fois, Lala se décide à mettre les deux pieds dans le numérique avec un service pensé pour séduire au maximum le consommateur. Là où les plate-formes traditionnelles de musique en ligne proposent des extraits de 30 secondes pour se faire une idée de la chanson avant de l’acheter, Lala va offrir un streaming illimité, gratuit et (a priori) sans publicité de l’intégralité des chansons, pour l’intégralité des catalogues. Warner Music Group aurait déjà signé l’accord. Il faut dire que le responsable de Lala John Kuch confie à Ars Technica qu’il prévoit de verser aux majors 140 millions de dollars en licences sur les deux prochaines années. On imagine bien qu’elles peuvent difficilement refuser tel cadeau.
En échange, Lala espère obtenir la paix des braves sur un autre service proposé aux internautes et directement inspiré de son concurrent MP3.com. Les utilisateurs pourront stocker à distance sur un locker les fichiers MP3 qu’ils possèdent sur leur disque dur, pour ensuite les écouter avec leur compte depuis n’importe quel poste et les transférer sur leur baladeur. Plus exactement, l’upload n’est réalisé que si Lala ne possède pas déjà une copie numérisée du CD, auquel cas c’est la copie de Lala qui est partagée avec l’utilisateur. MP3.com avait été poursuivi par l’industrie du disque lorsqu’il avait offert ce service qui dépassait le strict cadre de la copie privée.
Digital locker et vente de musique sans DRM
Enfin, pour tenter de rentabiliser ces très coûteux services, Lala.com va proposer aux utilisateurs d’acheter de la musique pour la posséder chez eux et la graver sur CD. Là encore, avec le souci de respecter les demandes des consommateurs. Les fichiers musicaux seront ainsi proposés dans un format AAC sans DRM, à l’image de la nouvelle offre iTunes Plus d’Apple. Le prix n’est pas encore connu, mais Kuch assure qu’il sera conforme aux « standards du marché », ce qui devrait le placer à 99 centimes ou à 1,29 dollars si le modèle d’iTunes Plus est suivi.
L’ensemble du modèle économique de Lala repose sur un pari, celui que la liberté offerte aux utilisateurs et les écoutes en streaming – y compris lorsqu’elles sont aussi étendues – favorisent plutôt que paralysent les ventes de musique sur Internet. Lala avait déjà proposé des radios personnalisées par les utilisateurs, et découvert que les utilisateurs qui créaient et écoutaient le plus de radios étaient ceux qui achetaient ensuite le plus de CD.
Pour Lala comme pour toute la filière musicale en ligne, ce sera quitte ou double. Sa victoire pourrait considérablement modifier la perception des services de vente de musique en ligne. Et sa défaite devrait provoquer sa liquidation et refroidir pour longtemps tout esprit d’entreprise audacieux. A suivre, donc, de très près…
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