Jusqu’à présent, les fournisseurs d’accès à Internet et les opérateurs télécoms se contentaient du minimum syndical dans la lutte contre le piratage. En France, il s’agit encore essentiellement de fermer les comptes des abonnés lorsqu’il y a ordre judiciaire, ou désormais d’envoyer des messages de prévention au moins deux fois par an. Le respect de la neutralité du transporteur vis à vis des colis qu’il transporte résiste encore. Mais pour combien de temps ?
Aux Etats-Unis, AT&T vient de mettre un coup de pied dans la fourmillière en indiquant qu’il allait travailler de concert avec les studios d’Hollywood et les maisons de disques pour lutter contre le piratage. Il s’agira essentiellement, assure AT&T, d’identifier les mises à disposition de contenus illicites depuis l’étranger, pour en bloquer accès aux clients américains.
Pour le moment, il ne s’agit que d’un projet, mais lorsqu’un projet est rendu public, c’est souvent qu’il est déjà bien avancé. L’opérateur télécom a d’ailleurs réuni le 5 juin les cadres de l’industrie culturelle chez lui, à San Antonio, pour discuter de la meilleure approche. Pour rassurer les consommateurs, AT&T assure qu’il prendra en compte les problématiques juridiques liées au respect de la vie privée des clients, ou à la libre diffusion des contenus lorsqu’ils sont utilisés à des fins légales Mais ce sera un casse-tête juridique insoluble s’il s’agit d’aller plus loin que le domaine public, lui-même beaucoup plus complexe qu’en apparence.
En réalité, les opérateurs ont actuellement le postérieur numérique entre deux chaises. D’un côté ils doivent satisfaire les clients de leur service de livraison immatérielle à haut débit – qui exige la neutralité et la liberté -, qui est leur service historique et leur coeur de métier. Et de l’autre ils doivent assurer une transition vers la livraison de contenus premium en montant des services de télévision sur IP (AT&T a créé un service de TVIP pour concurrence le câble et le satellite), de la VOD ou des services de musique en ligne. Or pour créer ces services à valeur ajoutée, les opérateurs télécoms doivent de plus en plus négocier avec des industries culturelles qui exigent que le métier historique de fournisseur d’accès soit moins tolérant sur le contenu des colis…
Il y a donc une tentation de plus en plus forte de la part des fournisseurs d’accès de se faire eux-même police privée de la propriété intellectuelle numérique, dans l’espoir de discuter avec les industries culturelles et de vendre des contenus à leurs clients internautes. Le fait que France Télécoms soit lui-même devenu producteur de films de cinéma ne fera rien en France pour enrayer le mouvement…
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