Pour faire communiquer les voitures entre elles et leur permettre de se connecter à leur environnement immédiat, vaut-il mieux mobiliser une technologie à base de Wi-Fi ou de 5G ? Au sein des institutions européennes, la préférence va très clairement en faveur de la première solution. Il faut dire que celle-ci a l’avantage d’exister déjà, là où sa concurrente est encore en gestation.
C’est cet argument que la commissaire européenne en charge des transports, Violeta Bulc, a mis en avant cette semaine. La technologie C-ITS (Cooperative Intelligent Transport Systems, soit systèmes de transports intelligents coopératifs) a le mérite d’être « une technologie mature, dérivée du Wi-Fi », explique le régulateur français des télécoms, là où son concurrent, le C-V2X, est « une technologie plus récente ».
« Le C-ITS déployé aujourd’hui peut commencer à sauver des vies maintenant, quelle que soit la voiture que vous conduisez », a-t-elle lancé sur Twitter. Elle a mentionné le cas de figure d’une puce C-ITS qui peut être glissée dans un sac, dans une veste ou sur un vélo, de façon à se rendre détectable par une voiture ou un camion qui circule à proximité. Et cela, sans attendre le déploiement de la 5G.
Dans une interview accordée à EurActiv, Violeta Bulc a donné plusieurs arguments en faveur du C-ITS : « Le Wi-Fi est une technologie qui a fait ses preuves et qui n’est pratiquement plus brevetée. Il est disponible dès maintenant, facile à mettre en œuvre et bon marché. C’est abordable pour tout le monde ». Le problème de la 5G, c’est « qu’il n’y a rien sur le marché », rappelle-t-elle.
C’est donc avant tout un choix par défaut. « Le Wi-Fi est la seule option disponible », admet-elle. Pour autant, la porte n’est pas fermée : « Nous lancerons un appel à tester la 5G, mais il n’y a aucun produit sur le marché aujourd’hui que nous pourrions tester, déployer ou pour lequel nous pourrions établir des normes ». En attendant, il y a des enjeux immédiats en termes de la sécurité routière.
Le Parlement européen a d’ailleurs voté le 16 avril en faveur de nouvelles règles visant à améliorer la sécurité routière et à réduire le nombre d’accidents. Le règlement, adopté en séance plénière à une très large majorité (578 voix pour, 30 voix contre et 25 abstentions), contient notamment des dispositions qui privilégient le Wi-Fi pour le déploiement des transports intelligents, relève Contexte.
Une industrie divisée
L’industrie automobile est divisée sur la technologie à employer pour ouvrir la communication entre les voitures. Selon Reuters, la technologie Wi-Fi est soutenue par Renault, Toyota, Volkswagen et NXP, tandis que les partisans d’une solution à base de 5G s’appellent Daimler, Ford, BMW et PSA. Cette dernière solution est aussi préférée par des groupes comme Orange, Intel, Huawei, Qualcomm, Samsung et Ericsson.
La solution à base de 5G s’appelle C-V2X (Cellular Vehicle-to-Everything, ce qui peut se traduire par liaison cellulaire du véhicule à tout). « Cette technologie peut utiliser la bande 5,9 GHz pour des communications directes, ainsi que le réseau cellulaire des opérateurs mobiles pour communiquer avec les véhicules », détaille l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep).
Deux technologies qui ne sont pas interopérables. Pour l’instant
Dans sa synthèse, le régulateur des télécoms fait observer que le choix de la technologie de communication entre les véhicules — et même entre les véhicules et l’environnement — n’est pas arrêté. « Il existe aujourd’hui une bataille intense entre les acteurs du secteur (notamment les constructeurs automobiles) pour imposer leur standard parmi les deux technologies rivales », fait-il observer.
Aujourd’hui, ces deux technologies ne sont pas interopérables.
Cependant, des travaux « sont en cours » pour éviter une situation ubuesque où les véhicules ne peuvent pas échanger avec tout le monde. La difficulté est que les deux normes passent par la même bande de fréquences. Il y a donc une coexistence des ondes radio à assurer pour avoir des systèmes de transports intelligents réellement intelligents dans l’Union européenne.
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