Non, ça n’est pas tout à fait une contradiction. Ou tout du moins, pas dans l’esprit des maisons de disques qui reconnaissent aujourd’hui ouvertement que les actions judiciaires entreprises contre les P2Pistes n’ont aucune utilité directe, mais qui les jugent nécessaires dans le cadre d’une stratégie globale de soutien de l’offre légale payante…

21.000 plaintes aux Etats-Unis contre des internautes P2Pistes, pour quoi faire ? De l’aveu même de la RIAA, les actions judiciaires sont un fiasco côté relations publiques. « Les plaintes tendent à générer davantage de tensions, de frictions et de gros titres dans les journaux« , reconnaît volontier Jonathan Lamy, le porte-parole du lobby américain des maisons de disques. « Ce qui est le plus important dans la stratégie anti-piratage« , ajoute-t-il, « ce sont les négociations acharnées de licences et le fait d’offrir de très bonnes alternatives légales« . Le rôle de la RIAA, précise Lamy, est de compléter les initiatives réalisées dans ce sens par les maisons de disques.

Les plaintes n’ont donc pas pour objet d’être efficaces en elles-mêmes, mais plus d’entretenir dans les esprits l’idée que la musique est un bien payant et que son échange à titre gratuit est un délit. Plus cette idée est présente dans la société numérique, plus ses membres auront tendance à se diriger facilement vers les offres légales payantes. En France, le directeur général du SNEP (Syndicat National de l’Edition Phonographique) Hervé Rony ne dit pas autre chose lorsqu’il est interrogé sur cette question. Le lobby français dépose peu de plaintes, mais les médiatise toujours le plus possible pour entretenir le fantasme d’un risque judiciaire lié au téléchargement, et rappeler l’existence d’une offre légale.

Aux Etats-Unis, où le nombre de plaintes est de loin le plus élevé, les risques d’être poursuivi sont extrêmement faibles. Avec 21.000 procédures pour 7,8 millions d’internautes P2Pistes relevés en mars 2007 pour les USA (contre 6,9 millions lors du début des plaintes en avril 2003), c’est moins de 0,27 % de la population P2Piste américaine qui a été visée.

Confrontée à une presse de moins en moins réactive et surtout de plus en plus disposée à prendre le parti des internautes, l’industrie du disque change aujourd’hui de cible. Après les P2Pistes puis les éditeurs de logiciels de P2P, le laxisme des FAI devient la nouvelle cible à abattre. Elle est confortée dans cette stratégie par la décision inattendue de la justice belge, qui a condamné l’opérateur Scarlet à filtrer le P2P sur son réseau.

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