Des activistes françaises ont tenté de créer une page Facebook pour améliorer la visibilité des lesbiennes en ligne. Facebook a censuré son nom a priori car il contenait… le mot lesbienne. Il a fallu une semaine pour que le mot soit finalement accepté.

Mise à jour du 29 avril 2019 : Après envoi d’une demande du mouvement SEO Lesbienne, Facebook a finalement modifié le nom de la page, transformant « lezbienne » en « lesbienne », plus d’une semaine après sa création.

Lire notre article original du 26 avril :

« Ce nom d’utilisateur n’est pas disponible. Il comporte des mots qui ne sont pas autorisés sur Facebook ». Le mot concerné, c’est « lesbienne ». Sur la version française du réseau social de Mark Zuckerberg, il n’est pas autorisé de créer une page dont le nom comporte ce nom commun.

C’est le constat qu’a fait Fanchon, une Française à l’origine du mouvement SEO Lesbienne, lancé dans le but d’améliorer la visibilité du mot lesbienne en ligne, et surtout sur les grandes plateformes de recherche comme Google. Aujourd’hui encore sur le moteur de recherche, le mot lesbienne ne renvoie que vers des sites pornographiques.

Alors que le collectif SEO Lesbienne a réussi à imposer le fameux nom commun sur son compte Instagram (qui appartient au groupe Facebook) et Twitter, ça ne s’est pas aussi bien passé sur Facebook. Comme on peut le constater dans une capture d’écran, le réseau social n’a pas autorisé la création d’une page intitulée SEO Lesbienne. Il a fallu la renommer en SEO lezbienne, avec un « z », pour que cela soit accepté.

Une interdiction du mot lesbienne par défaut

En cette journée de la visibilité lesbienne, ce 26 avril 2019, une telle censure a priori soulève évidemment des questions. D’autant que les règles de Facebook sont tout sauf précises en la matière. On y apprend seulement que les pages Facebook ne peuvent pas inclure « des termes ou des expressions de nature abusive ou portant atteinte aux droits d’autres personnes ». Or le mot lesbienne est l’expression revendiquée par les femmes homosexuelles, et n’a rien de péjoratif.

Facebook a les moyens de renommer les pages a postériori, et d’autoriser certains mots qui auraient été bloqués d’office par ses algorithmes. C’est ce que souhaiterait le collectif SEO Lesbienne, qui a contacté le réseau social. Aux États-Unis par exemple, plusieurs pages comme le mouvement Lesbians Who Tech ont pu porter le nom. En France en revanche, il s’intitule « L Who Tech ».

Cette modération priori est symbolique d’un problème plus large concernant les mots associés au nom commun lesbienne. Comme nous le relevions dans un précédent article, le nombre de requêtes en ligne qui associent le mot lesbienne à la pornographie est bien plus grand que le reste des recherches en rapport avec le mot lesbienne. Par défaut, il est donc techniquement moins risqué pour des réseaux comme Facebook d’interdire par défaut l’utilisation du mot lesbienne, et de corriger le tir au cas par cas.

Mais une telle décision peut aussi être vue comme un refus d’agir pro-activement pour corriger un biais qui est une cause de souffrance pour de nombreuses femmes lesbiennes. Cela fait un moment que les plateformes ont pourtant cessé de se cacher derrière l’argument d’une prétendue neutralité, et elles n’ont pas hésité, dans le passé, à modifier leurs algorithmes lorsqu’ils étaient sources de discrimination. Une chose est sûre : Facebook n’est pas le seul à être montré du doigt.

Contacté récemment, Facebook a pris connaissance de nos questions, mais n’a pas encore pu y répondre dans le court délais proposé. Nous mettrons à jour cet article en fonction des réponses.

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