Si vous avez rejoint des groupes Facebook, vous avez sûrement reçu de nombreuses notifications ces dernières heures, ce 16 mai 2019. Elles indiquent que les groupes sont passés de « fermé à secret », comme on peut le voir ici :
Ces changements ont été effectués par les administrateurs de ces groupes à cause d’une rumeur qui circule sur Facebook. Une entité malveillante tenterait de faire fermer tous les groupes, un à un. Est-ce vérifié ?
Les groupes de « shitpost » en première ligne
Facebook propose trois niveaux de confidentialité pour ses groupes :
- Il y a les groupes publics auxquels tout le monde peut accéder,
- Des groupes fermés où un administrateur doit valider chaque nouvelle entrée
- Et enfin, des groupes secrets. Il est impossible de trouver ces derniers sur Facebook à moins d’en être déjà membre : il faut donc être invité par quelqu’un pour pouvoir demander à en faire partie.
Les groupes qui ont effectué le changement sont pour la plupart des groupes de « shitpost », c’est-à-dire des groupes sur lesquels on peut publier des mèmes, des images ou vidéos drôles sur un thème donné. Les « neurchis » — on vous expliquait ce qu’est un neurchi en janvier dernier — semblent particulièrement concernés en France.
Un bot à l’origine de tout ceci ?
Vanessa, l’une des administratices de Neurchi de complots, explique sur le groupe qu’elle a modifié les paramètres « dans le doute ». Elle publie juste en dessous une conversation, où une personne qui semble avoir elle-même passé son groupe en mode secret indique : « Il y a un bot qui zucc des groupes à pas mal de membres et c’est pour éviter de se faire strike ». Le verbe anglais argotique zuccer signifie (entre autres) « supprimer », strike signifie se faire signaler massivement, cibler, ou carrément supprimer.
D’autres groupes mentionnent cette même rumeur. Elle provient, comme l’a remarqué le site Know your meme, d’un autre groupe, lui anglophone : Crossovers nobody asked for (les crossovers que personne n’avait demandé). Il s’agit d’un groupe de shitpost de 500 000 membres environ, qui a été fermé par Facebook le 13 mai à cause d’une page nommée Indonesian Reporting Committee.
Cette page a depuis été supprimée mais de faux clones sont encore en ligne, à l’image de celui que l’on voit dans la capture d’écran ci-dessus.
La page originale était réputée pour signaler en masse des groupes ou pages, dont la plupart étaient en violation des règles d’utilisation de Facebook. Ceux-ci étaient ensuite supprimés par Facebook. Les administrateurs de Crossovers nobody asked for ont assuré que la page était bien derrière tout ceci.
Un contre-comité pour la revanche
D’anciens membres du feu-groupe Crossovers nobody asked for ont décidé de prendre leur revanche. Ils ont créé l’Anti-Indonesian Reporting Commission Commission (222 membres), ont publié des commentaires négatifs sur la page principale de la première commission et l’ont massivement signalée, afin qu’elle soit à son tour supprimée.
Plusieurs groupes anglophones de mèmes sont alors passés en secret, pour éviter d’être une victime collatérale de cette bataille. Par effet de domino, la rumeur a circulé jusqu’en France. Les administrateurs ont préféré être prudents et sont eux aussi passés en mode secret.
Avaient-ils quelque chose à craindre ? Rien n’est moins sûr. Un Indonésien de 18 ans, nommé Muhammad Salim, a revendiqué être responsable de la fermeture du groupe Crossovers nobody asked for ainsi que d’autres groupes de mèmes, comme le prouve cette archive. Il a depuis supprimé son compte mais des internautes ont fait des copies de son message d’explication. Il est ici traduit (la date est erronée, d’autres captures montrent qu’il s’agissait bien du 16 mai et non, évidemment, du 16 septembre 2019).
L’Indonésien reconnaît avoir créé et dirigé le comité incriminé. Il présente ses excuses auprès de toutes ses victimes. Il voulait, dit-il, « supprimer ou détruire tout ce qui est négatif sur Facebook » comme les « blagues » religieuses blessantes, ou les fausses informations. Il se focalisait au départ sur des groupes indonésiens mais a souhaité étendre son spectre d’actions car il avait trouvé des discours haineux ou moquant une religion sur plusieurs groupes anglophones, dont Crossovers nobody asked for. Il n’agissait pas seul mais dit prendre l’entière responsabilité de ce qu’il s’est passé.
Faut-il paniquer ?
Des internautes l’ont ensuite harcelé. Ils se sont vantés d’avoir trouvé son adresse, numéro de téléphone ou encore les membres de sa famille. Des rumeurs font état de récompenses pour la personne qui le retrouverait, mais il nous est impossible de les confirmer. Un groupe a également expliqué qu’ils l’avaient retrouvé et frappé mais là encore, il est impossible de savoir si cela s’est réellement produit.
Depuis cette publication, le comité responsable de la suppression de groupes de mèmes a disparu, et son créateur aussi. Si vous êtes administrateur d’un groupe, il n’y a donc à priori plus aucune raison de paniquer : vous pouvez publier des blagues sans être inquiétés, tant qu’elles respectent les règles de Facebook.
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