Pour Huawei, les conséquences des sanctions américaines pourraient être catastrophiques à long terme. Initiée le dimanche 19 mai, la séquence a contraint les principaux partenaires américains et japonais du constructeur chinois à rompre leurs liens économiques avec le géant des télécoms. Pour les États-Unis en revanche, les décisions de l’administration Trump ont très vite été interprétées comme un levier dans des négociations commerciales. Car au fond, l’argument des États-Unis (la sécurité nationale face à un acteur accusé d’espionnage informatique), s’il n’est pas à révoquer entièrement, n’a jamais été prouvé.
Et le commentaire du président américain sur l’affaire, alors qu’il s’entretenait avec la presse lors d’un événement avec des firmes d’agriculture, peut laisser à penser qu’il s’agit effectivement d’un bluff. À 41 minutes de la vidéo conservée pour les archives, on peut entendre le président Trump répondre à une question sur l’interdiction de commerce avec Huawei : « Huawei est quelque chose de très dangereux. Vous regardez ce qu’ils ont fait d’un point de vue sécurité, d’un point de vue militaire, c’est très dangereux, lance-t-il. Avant de poursuivre : « Alors c’est possible que Huawei soit inclus dans une sorte de deal commercial. Si nous avions des accords commerciaux, j’imagine que Huawei pourrait être inclus, être une partie de la négociation ».
Maladresse ou nouveau coup de poker ?
Une manière bien maladroite de dévoiler ses cartes ? Cela en a tout l’air. Car si Huawei, comme la première phrase de la déclaration le suggère, est une entreprise « très dangereuse » sur les plans de la sécurité nationale et internationale, comment un accord commercial pourrait-il l’inclure ? Une entreprise jugée si dangereuse pour la sécurité d’un pays ne peut pas avoir un passe-droit si son pays d’origine accepte des négociations commerciales. Ou alors, c’est qu’elle n’est pas dangereuse et qu’elle fait simplement partie d’une négociation.
Ce que semble admettre, également, Donald Trump, à qui un journaliste a demandé à quoi ressemblerait cet accord qui inclut Huawei : « Oh, il serait très bon pour nous », a lancé le président.
Comme souvent avec les déclarations de Donald Trump, le commentaire et l’interprétation hésitent entre la boulette involontaire, la maladresse ou le message calculé. Le président américain pourrait tout à fait avoir montré une partie de son jeu à la Chine, afin qu’elle saisisse une opportunité de lui présenter un deal commercial satisfaisant. Problème : cela mettrait en cause toute la narration qui voudrait que Huawei soit une entreprise au service de Beijing qui espionne les citoyens dans le monde entier par ses installations hardware. Mais Donald Trump se soucie-t-il de cette cohérence ? Ce sont les agences de sécurité américaine qui prendront le discrédit, quand, lui, aura eu ce qu’il souhaite : un accord commercial avec la Chine favorable aux États-Unis.
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