Dimanche 19 mai s’ouvrait une séquence politique et économique d’ampleur : le constructeur chinois Huawei a été mis sur une liste d’entités par le gouvernement américain qui contraint toutes les entreprises américaines à rompre leurs négociations. Cette décision intervient dans une escalade rapide des discussions commerciales entre la Chine et les États-Unis, au prétexte de la sécurité nationale — un argument difficilement tenable à la suite des déclarations de Donald Trump. Dans cette guerre, Huawei ne veut pas rester belliqueux.
Apple est mon maître
Dans un entretien à Bloomberg, Ren Zhengfei a assuré que le scénario dans lequel la Chine répondrait à la sanction par la sanction n’existait pas. « Et s’il existait, il serait le premier à protester ». Ce scénario, c’est celui imaginé par les observateurs des tensions entre les deux puissances : la Chine est par exemple un levier de croissance non négligeable pour Apple et le pays qui produit la plupart des objets technologiques américains. Une interdiction de production ou de commercialisation serait catastrophique pour l’économie américaine. La perte sèche pour un Apple, qui devrait déporter sa production dans un autre pays ou construire des chaînes de montage aux États-Unis, serait colossale.
Ren Zhengfei a même été jusqu’à reconnaître Apple comme son inspirateur : « Apple est mon professeur, c’est le leader. En tant qu’étudiant, pourquoi j’irais à l’encontre de mon professeur ? Jamais je ne voudrais cela ! » Cette volonté d’apaisement n’est pas dénuée de toute stratégie de la part de Huawei. Pris dans cette guerre commerciale qui le dépasse, le constructeur chinois n’a effectivement aucun intérêt à ce qu’elle se poursuive. Il peut espérer qu’à l’issue des 90 jours que l’administration Trump s’est donnée, une résolution qui autorise ses partenaires à travailler avec lui soit trouvée.
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