Cette femme que vous voyez sur la photo avec un chapeau à plumes s’appelle Lena Söderberg. Elle est communément appelée la « first lady » d’Internet. Utilisée comme référence dans de nombreux tests d’images numériques, son histoire est parfois méconnue.
Une couverture de magazine
La photo de Lena, une mannequin suédoise dont le nom s’orthographiait à l’origine Sjööblom, a été prise en 1972. Cette photo est devenue un standard industriel que l’on utilise pour tester des algorithmes de traitement d’images.
Lena Söderberg ne pensait probablement pas devenir la coqueluche d’Internet avec cette séance photo. Elle devait au départ servir simplement à illustrer la couverture du mois de novembre du magazine Playboy. La photo originale montre ainsi la modèle en entier, dénudée, posant dans un décor un brin kitsch.
Selon un texte écrit par Jamie Hutchinson dans une newsletter de l’IEEE (une association professionnelle qui rassemble des ingénieurs partout dans le monde), c’est un dénommé Alexander Sawchuk qui aurait eu l’idée d’utiliser cette photo. Il était alors professeur en Californie et cherchait une bonne photo à scanner pour une conférence. Lassé des images qu’il utilisait jusqu’à présent, il voulait « un visage humain ». Il a choisi la couverture de Playboy qu’un collègue avait amené un peu au hasard et a arraché une partie de l’image pour ne garder que son visage, car il avait besoin d’un format bien précis.
Un choix sexiste ?
La mannequin semble s’être toujours bien accommodée de la situation, comme peuvent en témoigner sa présence à des congrès dédiés aux images et au numérique. Lors de l’un de ces rassemblements, l’universitaire David Munson expliquait pourquoi la photo avait eu un tel succès. Pour lui, c’est d’abord parce qu’elle contenait un « mélange intéressant de détails [et] textures », mais aussi parce que Lena était simplement… belle. « Il n’est pas surprenant que la communauté de recherche en traitement d’images ait choisi une image qu’ils trouvent attirante », écrivait-il.
Le choix de la photo a fait débat dans cette même communauté. Beaucoup se sont demandé si utiliser l’image d’une mannequin dénudée, issue d’une magazine qui est accusé entre autres de réifier les femmes, était une bonne chose. David Munson lui-même reconnaissait que cela pouvait être perçu comme « dégradant pour les femmes ».
Dianne O’Leary, une mathématicienne, a écrit dans un essai sur le sexisme dans le milieu informatique en 1999. Selon elle, « les images suggestives utilisées participent à renvoyer l’idée que l’on ne s’adresse qu’aux hommes ». En 2017, le Journal of modern optics a publié un éditorial dans lequel plusieurs alternatives à l’image de playmate pouvaient être utilisées.
La première photo mise en ligne sur le Web était aussi une photo de femmes. Il s’agissait cette fois d’un groupe de musique amateur nommé les Cernettes. Leur histoire est racontée sur le site du CERN, l’organisation européenne pour la recherche dans le nucléaire — car oui, c’est de là dont tout est parti.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !