Détendu comme on pouvait s’y attendre après une conférence longue de plus de 90 minutes et dispensée sans anicroche, Phil Spencer est confortablement installé sur un canapé. Il nous accueille avec le sourire, la sympathie et l’ouverture que l’on peut déceler quand il empile les annonces sur scène. Passée une blague sur Keanu Reeves, star du show qui vient à peine de se terminer, le patron de la branche Xbox reprend son sérieux pour évoquer xCloud et la vision qui en découle au sein de Microsoft. En toute confiance et sérénité.
D’aucuns — nous les premiers — s’attendaient à ce que la firme de Redmond fasse tapis sur le cloud gaming, envoyant ce signal que l’avenir du jeu vidéo entend se débarrasser des consoles avalant des disques. Finalement, Microsoft reste plutôt attentiste sur son service de demain, malgré une expérience qui paraît déjà très solide à en juger par notre première prise en mains. « Avec xCloud, nous n’affirmons pas que vos consoles deviennent mauvaises et qu’il faut aller vers le streaming », explique Phil Spencer. Pourquoi cette double stratégie qui devrait s’avérer payante ? « Nous sommes focalisés sur le choix pour les joueurs. »
La console continuera d’offrir la meilleure expérience
On pourrait penser, naïvement, que la fiche technique si envieuse de la Xbox Scarlett (4K native à 60 fps minimum, framerate pouvant atteindre les 120 fps, compatibilité avec la 8K) sera vite dépassée par xCloud. Les infrastructures cloud ne présentent aucune limite dans l’évolution, là où les composants d’une console sont trop vite obsolètes. Pour autant, les amatrices et amateurs d’expériences à la pointe devront continuer d’acheter une console. « Pendant encore des années, la meilleure façon de jouer [en termes de qualité visuelle] restera sur une console en local, connectée directement à un téléviseur et avec des jeux téléchargés. Je ne vais pas vous dire que xCloud offrira une meilleure expérience. C’est juste un choix en plus », argumente Phil Spencer, qui estime que le cloud, si puissant soit-il, ne peut pas tout remplacer. Un constat qu’il étend volontiers à des sphères hors jeux vidéo.
Le cloud, si puissant soit-il, ne peut pas tout remplacer
Cette posture est l’exacte opposée de Google qui, avec Stadia, promet déjà une résolution 4K et un framerate à 60 fps au lancement, si la bande passante suit (Microsoft n’a aucun détail technique à partager pour le moment). Peut-être la firme de Mountain View va-t-elle un peu vite en besogne avec ces performances ambitieuses, mais toujours est-il que cela constitue son seul axe de communication pour se défendre face à la légitimité de la marque Xbox, construite grâce à trois générations de console.
Phil Spencer a-t-il peur de Google ? « Je n’ai pas peur de grand-chose. La plus grande peur, pour nous, est de ne pas répondre aux attentes de nos utilisateurs. Les plus grandes entreprises vont désormais à l’E3 [Netflix, Amazon avec Twitch…]. La chose qui me donne confiance, c’est que nous sommes dans l’industrie depuis déjà plusieurs années. Nous avons des partenariats avec les principaux acteurs et nous sommes un éditeur pour les autres. Cela nous aide à nous renforcer face à ces nouveaux entrants. Il n’a jamais été aussi amusant de faire partie de l’industrie. Et je ne dirai pas que j’ai peur. »
Le choix est certainement le mot que Phil Spencer a le plus utilisé durant notre entretien. Exemple : « Vous pouvez jouer en local à votre console ou votre PC. Ou vous pouvez opter pour le streaming. C’est à vous de choisir […]. Je veux offrir le choix aux joueurs. Et, aujourd’hui, les jeux physiques représentent toujours un choix. » Cette notion de choix n’est pas que l’apanage du joueur. Le xCloud représente effectivement un nouveau moyen, pour Microsoft, d’atteindre toujours plus de personnes — celles qui n’avaient pas de Xbox et/ou n’auraient pas la possibilité d’en acquérir une. Même si Phil Spencer convient que « les premiers utilisateurs de xCloud seront les propriétaires d’une Xbox. Car ils voudront pouvoir jouer depuis n’importe où ». En somme, Microsoft aura le choix de la technologie pour augmenter sa communauté.
Sur le Xbox Game Pass, l’offre qui se le rapproche le plus de Netflix, l’intéressé n’a pas voulu confirmer le basculement vers le streaming qui semble être la voie naturelle (trop tôt ?). Il y a quand même la volonté de « rendre l’acquisition des jeux plus simple ». Pour l’heure, Microsoft va se concentrer sur la version PC de l’abonnement. La multinationale s’attend à devoir rassurer les joueurs pour leur prouver que le coût mensuel vaut la peine, ce qui passera par un renforcement du catalogue. Autrement dit, on est encore loin de l’arrivée du Game Pass sur Switch ou une autre plateforme.
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