J’ai voulu voir ce qu’était devenu Pokémon Go 3 ans après le phénomène. Surprise : après deux mois intenses pour tout tester, on constate que le jeu de Niantic s’est bonifié avec le temps.

À l’été 2016, une petite bombe dont personne n’avait mesuré la portée tombait sur le monde du jeu vidéo mobile : Pokémon Go, un jeu d’un nouveau genre qui mêlait réalité augmentée, géolocalisation, interactions sociales et une licence extrêmement forte. Le jeu devient alors un phénomène de société, réunissant des milliers de joueurs dans les rues des métropoles, fans ou non de Pokémon, qui se sont laissé surprendre par cette chasse au trésor virtuelle. Le tout, avec un jeu mal maîtrisé par Niantic, des serveurs bugués, des tricheurs, un gameplay proche du néant et surtout, une répétition des rencontres avec les petites bêtes.

Mais derrière ses mécaniques simples, Pokémon Go avait en puissance, dans ses entrailles, un fonctionnement complexe. Le end game, réservé au hardcore gamers, était alors presque invisible et difficilement interprétable sans feuilles de calcul complexes. Sur cette base, année après année, mise à jour après mise à jour, Niantic a construit le Pokémon Go auquel nous avons rejoué depuis deux mois. Et l’on se rend compte alors d’une chose : le phénomène social, loin d’être désert, est enfin devenu un jeu complet.

Petit verdict après 2 mois de try hard pour tout tester.

Le jeu de base est beaucoup plus fun

Si vous jouiez à Pokémon Go pour attraper des Pokémon et découvrir des endroits méconnus pendant vos voyages (les pokéstop sont souvent de bons guides), Pokémon Go en 2019 est devenu infiniment mieux grâce à un mot : diversité. Pokéstops et Pokémon sont en effet plus nombreux et plus variés. On en trouve plus loin des centres-ville et même dans de petits villages de campagne, il est possible de s’amuser. Les arènes resteront malheureusement dans des endroits très fréquentés.

Pokéstop, amis, Pokémon étranges... le jeu est complet // Source : Capture d'écran Numerama

Pokéstop, amis, Pokémon étranges... le jeu est complet

Source : Capture d'écran Numerama

On se plaît alors à attraper des petits monstres sur notre chemin, jouant avec les pokéballs et les baies, qui sont désormais plus nombreuses. Et on s’amuse aussi à découvrir les ramifications du jeu : en plus des générations ajoutées, on trouve maintenant des Pokémon rares, chanceux, uniques, en forme d’Alola… la collectionnite aiguë nous rattrape vite. Les joueuses et joueurs les plus téméraires trouveront de nouveaux challenges avec les Pokémon à faire évoluer avec des pierres spéciales et très rares, les multiples formes d’Evoli ou les Pokémon qui n’apparaissent que dans une région du globe.

Enfin, les médailles (sortes de succès débloqués après avoir capturé des Pokémon de même type ou accompli des choses) permettent de faciliter les captures.

Un endgame plus compréhensible et plus complexe

Si l’on s’accroche, on s’aperçoit que Niantic a fait un gros travail pour donner un vrai challenge aux joueuses et joueurs expérimentés. Quand on s’intéresse aux arènes, raids et raids légendaires, la qualité des Pokémon ramassés devient un enjeu. Pour les arènes, il s’agit de combattre et d’occuper des lieux clefs pour son équipe, avec les principes qui régissent le poké-jeu : les Pokémon ont tous des spécialités, forces et faiblesses au combat et il faudra composer de bonnes équipes équilibrées pour vaincre.

Le plus gratifiant reste les combats de raid. Plus encore que pour le PvP, finalement anecdotique, Niantic a su mélanger les points forts de son gameplay, un aspect social et la puissance de la licence. Les raids sont des combats difficiles contre un Pokémon de plus ou moins haut niveau, menés par plusieurs joueurs et joueuses en même temps. On retrouve le cœur social de Pokémon Go : il faut se déplacer sur une arène en particulier, à heure fixe, et lancer un raid en espérant que d’autres personnes aient fait de même.

Les raids et les arènes, la fin du jeu hardcore // Source : Capture d'écran Numerama

Les raids et les arènes, la fin du jeu hardcore

Source : Capture d'écran Numerama

Et en pratique, on s’étonne de voir à chaque fois que d’autres dresseurs sont aussi présents, au rendez-vous pour en découdre. En solo, ces missions sont réalisables à peu près jusqu’au niveau 3 sur 5, mais demandent une équipe bien choisie et puissante. Les récompenses de ces raids sont nombreuses et finissent par la possibilité de capturer le Pokémon rare ou légendaire combattu : bien ajuster ses pokéballs spéciales en nombre limité, faire des effets, bien viser le centre du cercle… tout est bon pour multiplier les chances d’une capture !

Niantic a eu la bonne idée d’événementialiser cette partie de Pokémon Go et les boss de raids tournent fréquemment pour ne pas lasser la communauté.

Des quêtes frustrantes, mais gratifiantes

Ce côté changeant, on le retrouve dans les quêtes, nommées Études de terrain. Les quotidiennes sont de petits défis (faire tourner des Pokéstop, se battre dans une arène…) qui permettent d’affronter après 7 victoires (maximum une par jour) des Pokémon légendaires (et les capturer). Les quêtes les plus intéressantes sont aussi les plus longues : les spéciales contiennent plusieurs étapes, qui ont toutes des sous-étapes. Elles permettent d’accéder à des récompenses prestigieuses (des bonbons pour enfin faire ce satané Dracolosse) ou uniques (Mew, Meltan).

Les quêtes sont complexes mais les récompenses... légendaires // Source : Capture d'écran Numerama

Les quêtes sont complexes mais les récompenses... légendaires

Source : Capture d'écran Numerama

Mais si la récompense finale est à la hauteur de l’investissement, on remarque que Niantic n’avait pas prévu une composante de ces quêtes : à leur lancement, elles correspondaient à un état du jeu donné. Aujourd’hui, quand on doit faire évoluer un Tadmorv ou un Magneti alors que leur taux d’apparition parmi les quelque 400 Pokémon en jeu est très limité, c’est pénible. Il faut alors les mettre en ami et marcher de très nombreux kilomètres pour générer des bonbons. Un farming inutile et vraiment déplaisant, qui dénature l’objet de la quête — trouver des Pokémon. De même, certains succès au long cours ne sont pas rétroactifs : si vous avez déjà fait évoluer un Magicarpe en Leviator, il va falloir recommencer… Un périple qui peut prendre plusieurs mois.

De mieux en mieux

Niantic aura pris le temps, mais c’est un fait : pour tous les types de dresseurs, Pokémon Go est infiniment mieux maintenant qu’il y a 3 ans. Hardcore gamers et collectionneurs y trouveront leur compte et les passionnés de PvP devraient être les prochains à être choyés. Entre les grosses mises à jour de contenu, Niantic entretient sa communauté à la manière d’un Fortnite, avec ses saisons, ses événements, ses journées et ses défis. La clef d’un succès reproductible ? Il faudra voir comment évolue Harry Potter : Wizards Unite, à qui on reproche d’être bavard et peu amusant.

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