Il n’est pas bon en ce moment d’être un drone dans les environs du détroit d’Ormuz : le 20 juin, l’Iran abattait un RQ-4 Global Hawk de l’armée américaine servant à collecter des renseignements sur zone — ce qui débouchera quelques jours plus tard sur des représailles sous la forme d’attaques informatiques. Un mois après, le 18 juillet, les USA annonçaient à leur tour la neutralisation d’un drone iranien.
Selon le récit fait par le Pentagone, que Téhéran conteste catégoriquement, assurant n’avoir rien perdu du tout, le drone se serait approché d’un peu trop près d’un navire, l’USS Boxer, alors qu’il transitait entre les golfes Persique et d’Oman. C’est lorsque l’aéronef sans pilote s’est trouvé à moins d’un kilomètre de distance du bateau de guerre que des moyens défensifs ont été activés pour traiter la menace.
C’est là que les choses prennent une tournure intéressante : l’USS Boxer ne s’est pas servi de son armement traditionnel pour détruire l’appareil ennemi, comme les tourelles de défense capables de mitrailler avec précision sur plusieurs centaines de mètres distance ou les missiles surface-air. Le Wall Street Journal mentionne, le 19 juillet 2019, l’utilisation d’un tout nouveau système spécialement conçu pour les drones.
Défense anti drone
Son nom ? Le MADIS, pour Marine Air Defense Integrated System. Ce dispositif, qui peut être monté sur un véhicule léger tout-terrain, a vu le jour après 2015, lorsque le Pentagone s’est rendu compte du risque que font courir ces aéronefs de petite taille et sans pilote, qui sont à la fois fois difficiles à toucher et qui, de fait, incitent à prendre davantage de risques car aucun équipage n’est exposé au danger.
Le MADIS, ou LMADIS, pour sa version allégée, est un système décrit comme étant capable de détecter, identifier et neutraliser des drones par des attaques électroniques. En l’espèce, une fois la menace repérée par son radar à antenne active et ses capteurs électro-optiques et infrarouges, le brouillage du signal se met en place afin de rompre la liaison entre le drone et son opérateur au sol.
« Le MADIS a été développé spécifiquement pour lutter contre le développement des drones commerciaux armés », commente le site Global Security, spécialisé dans les questions de défense. Le système a donc été pensé pour être facilement déployable et transportable, pour protéger une base militaire avancée, qui n’a pas vocation à durer, ou un déploiement naval temporaire.
Et en France ?
Les États-Unis ne sont pas le seul pays à travailler sur des mécanismes de lutte contre les drones. En France aussi, des travaux importants sont menés pour neutraliser des aéronefs sans pilote. En 2016, l’armée de l’air avait accueilli sur la base aérienne 107 Villacoublay une démonstration de plusieurs projets capables de détecter les drones, d’évaluer la menace et, le cas échéant, de les neutraliser par brouillage.
Dans son rapport pour l’année 2017, le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale rappelait ainsi son travail en coopération avec le ministère de l’Intérieur et la direction générale de l’aviation civile concernant des drones « considérés comme malveillants, non coopératifs malveillants ou coopératifs mais avec des comportements inappropriés ».
Plus récemment encore, lors du défilé du 14 Juillet, l’armée a mis en avant son savoir-faire high-tech, avec des drones et des robots, mais aussi en présentant des fusils très futuristes portés par des soldats, qu’on aurait dit sortis tout droit d’un film de science-fiction, mais qui s’avèrent être en fait des dispositifs destinés là encore à forcer un drone à se poser au sol, en perturbant ses communications et sa position dans l’espace.
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