Comme tous les ans, système d’exploitation après système d’exploitation, Apple renforce le contrôle qu’a l’utilisateur sur l’usage de ses données par des tiers. Qu’il s’agisse des applications système ou de services téléchargés sur l’App Store, tout l’écosystème iOS applique de nombreuses contraintes, de la sécurité à la transparence de l’utilisation des données. En utilisant la version bêta d’iOS 13, on se rend compte que l’une des fonctionnalités proposées par la future version du système d’exploitation des iPhone fera parler à sa sortie. Et pour cause : il s’agit d’une pop-up pointant du doigt les dérives potentielles des applications côté géolocalisation.
Contrairement à l’option d’autorisation d’accès aux photos, dont le fonctionnement a été à l’origine de certaines craintes autour de FaceApp, cette option est particulièrement bien pensée. À l’utilisation d’une nouvelle application, en plus d’un refus, l’utilisateur pourra choisir avec iOS 13 s’il autorise l’app à le géolocaliser « toujours » (utile pour les applications ayant besoin d’une mise à jour en arrière-plan), « quand l’application est ouverte » (utile pour les applications de livraison) ou « une fois » (utile quand la géolocalisation n’a d’intérêt qu’à la première configuration). Mais en plus de cela, iOS 13 sera proactif pour repérer les comportements qui pourraient être non souhaités… et en informera l’utilisateur.
Repenser le rapport à la géolocalisation
La pop-up qui apparaîtra de temps à autre a été conçue pour informer sans panique. Elle est extrêmement explicite et fait comprendre tout de suite ce dont elle parle en affirmant qu’une application a souhaité accéder X fois à la position de l’utilisateur en 3 jours. La carte présente sur l’affichage aide à visualiser ce dont il s’agit et permet aussi de comprendre comment les applications fonctionnent. Enfin, une partie du cadre est réservée au développeur de l’application afin qu’il apporte une justification sur cette utilisation. Ces quelques mots sont essentiels : ils permettent d’apporter la pédagogie nécessaire pour faire comprendre à l’utilisateur que toute géolocalisation n’est pas mauvaise. On est alors précisément dans l’information qui a pour but de faire faire un choix éclairé.
Cela dit, en l’état, la pop-up présente tout de même un défaut : elle ne donne pas accès au détail de la requête. Et une personne qui ne connaîtrait pas le fonctionnement d’une application peut se poser des questions légitimes. « Aujourd’hui, une application peut demander la géolocalisation toutes les x minutes ou tous les x kilomètres », explique à Numerama Edouard Marquez, développeur Android et iOS.
Récemment, nous avons pu voir que l’application Premiers Secours de la Croix Rouge avait récupéré 49 fois notre position en trois jours. Le développeur se justifie en disant que l’application géolocalise en arrière-plan pour donner des informations sur les premiers secours dans le bon pays. Et c’est le cas : à chaque fois que nous avons quitté la France, une notification a bien fonctionné pour nous donner les numéros d’urgence. Mais pour savoir cela, il faut se souvenir de son comportement.
Est-elle pour autant obligée de faire cette requête une vingtaine de fois sur un trajet de Paris vers la Normandie ? Ne peut-elle pas se contenter d’une autre donnée ou de données plus espacées ? À ces questions, ni Apple ni l’application n’apportent de réponse. Mais peut-être que cela fait partie de l’initiative : la transparence permettra à terme aux utilisateurs, par des interrogations qui ne manqueront pas de naître, de pousser les développeurs vers une meilleure gestion de la localisation.
À l’inverse, on ne peut que se demander si iOS 13 ne créera pas un mécontentement chez les utilisatrices et utilisateurs ayant choisi de bloquer la géolocalisation sans connaître précisément l’utilisation faite par le service… et qui ne pourront donc plus utiliser leur app.
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