En avril 2019, Sonos et Ikea annonçaient une association étonnante, prenant la forme d’une gamme d’enceintes/mobiliers baptisée Symfonisk. L’idée paraît idéale. D’un côté, l’entreprise suédoise pousse l’intégration d’un cran avec son savoir-faire en matière d’ameublement. De l’autre, Sonos, spécialiste des produits hi-fi, apporte son expertise sur la partie technologique. Le mariage rêvé du design suédois et de la technologie acoustique.
Mais on a appris à être méfiant avec les objets qui associent deux entreprises qui n’ont pas les mêmes expertises. Symfonisk nourrit ainsi l’ambition de proposer une lampe-enceinte (soit une enceinte qui éclaire suffisamment ou une lampe qui sait produire du son) et une étagère-enceinte (soit une enceinte sur laquelle on peut poser des choses ou une étagère qui sait produire du son). Malheureusement, les deux produits reposent sur des prestations acoustiques moyennes et misent tout sur une bonne intégration au mobilier, associée à un tarif doux, pour remporter les suffrages.
Du bon et du mauvais
Étagère
L’étagère Symfonisk est certainement le produit le mieux pensé du duo, aussi bien en termes de design que de possibilités d’intégration. Simpliste, sinon peu élégant malgré des bords arrondis, le produit est clairement pensé pour se fondre partout très facilement. Pouvant être posée à l’horizontale comme à la verticale, l’enceinte peut par exemple être cachée dans une bibliothèque, calée entre deux livres. Ses dimensions — 31 x 15 x 10 centimètres — lui autorisent de nombreux placements. Une qualité intéressante.
On est en revanche un peu moins convaincus par l’aspect étagère de la chose. Au regard de la faible profondeur (15 centimètres), on est vite limité au moment de poser des objets dessus et on craint clairement pour la solidité de l’enceinte s’ils sont trop lourds. Notez que Ikea vend un support de fixation murale en option, avec un tapis antidérapant. La description précise que l’enceinte est susceptible de supporter trois kilogrammes — soit plus que son propre poids (un peu plus de deux kilogrammes). Bref, ne comptez que sur de la décoration.
Lampe
Pour sa part, la lampe — définie comme de table — laisse perplexe. Rien n’est exquis dans son design. Le plateau en forme de rond est disgracieux, l’habillage en tissu fait peine à voir quand on le compare à celui du HomePod et l’immense abat-jour suffit d’achever le regard tant il s’avère basique. L’ensemble fait penser à un gros champignon et Ikea n’a même pas pris la peine de masquer un minimum le bouton qui permet d’allumer/éteindre l’ampoule ou les touches physiques servant à la lecture et au contrôle du volume. C’est grossier et ça l’est encore plus quand on sort la loupe : le tissu laisse entrevoir des défauts de fabrication et l’étiquette qui dépasse ne fait pas très sérieux.
Et pour une lampe de table, force est de reconnaître que la Symfonisk prend de la place… C’est tout le paradoxe du produit : en voulant être une enceinte de qualité correcte, la lampe doit être suffisamment grosse. Pour celles et ceux qui cherchent un moyen compact de s’éclairer, c’est raté. Elle accepte des culots d’ampoule E14 (puissance maximum de 7W) et l’éclairage, assez faible, est tout juste appréciable pour créer une ambiance chaleureuse.
Installation aisée
Parce qu’elle s’inscrit pleinement dans l’écosystème Sonos, la gamme Symfonisk profite de ses bénéfices. À commencer par une installation simple comme bonjour. On branche, on lance l’application Sonos (disponible sur iOS et Android) et on se laisse guider par les étapes qui ne prendront pas plus de cinq minutes en tout. Les utilisateurs d’iPhone ont le droit à un petit bonus : une calibration automatique du son en gigotant avec le téléphone pendant plusieurs secondes. Cette fonctionnalité s’appelle Trueplay et permet d’améliorer le rendu sonore — ce que font automatiquement un HomePod ou un Google Home Max.
Une installation simple comme bonjour
À défaut d’être brillant pour lire des morceaux de musique (préférez les protocoles AirPlay ou Spotify Connect plutôt que l’intégration poussive des services de streaming dans l’application, un défaut made in Sonos qui n’a jamais évolué), le logiciel est très complet. Il permet de créer puis gérer ses configurations en associant les différentes enceintes que l’on possède à des pièces de vie (le multi-room). Et c’est grâce à lui que l’on peut créer des ensembles avec plusieurs canaux (le multi-channel).
Les produits Symfonisk répondent à ces exigences et il est tout à fait envisageable de paramétrer un set stéréo avec deux lampes. C’est même là que toute la promesse d’intégration entre en jeu. Vous voulez un système home cinéma équivalent 5.1 le mieux fondu possible dans votre salon ? Lier une barre de son Sonos à deux lampes ou deux étagères disposées derrière votre canapé et le tour est joué (la facture sera tout de même salée).
La gamme Symfonisk n’embarque aucun microphone, ce qui signifie qu’il n’est pas possible de les piloter directement à la voix — comme les enceintes connectées du marché. Pour profiter de l’ergonomie vocale, il est nécessaire de passer par un autre appareil compatible et de dire la commande adéquate (exemple : « Alexa, joue Slipknot dans Salon »). À terme, il sera possible de piloter les produits depuis l’application Ikea Home.
Dernier point et pas des moindres : enceintes Sonos obligent, elles fonctionnent exclusivement en Wi-Fi pour le streaming audio. Comprendre : oubliez le Bluetooth.
Un son oubliable
Étagère
L’enceinte-étagère est vendue sous la barre des 100 euros. C’est un prix à garder en tête au moment d’appuyer sur le bouton lecture pour la première fois. En effet, vous ne serez pas ébahis par la prestation sonore proposée. Le rendu est étouffé et manque de dynamique, de présence et de précision. D’un point de vue musical, les autres enceintes Sonos sont mieux en tout point. Mais on parle d’un produit à moins de 100 euros, avec tout ce que cela implique en termes d’indulgence. Si vous privilégiez l’acoustique, optez plutôt pour une Sonos One.
On pourrait donc dire que le rendu sonore est au juste prix : ni impressionnant ni terrible.
Lampe
On sera beaucoup plus durs avec la lampe, proposée quasiment le double du prix (179,99 euros). Sa forme cylindre laissait espérer un rendu à 360 degrés (comme le HomePod). Il n’en est rien : l’objet possède donc un design qui ne sert aucune fonction. Ce n’est pas à cela que les excellents designers d’Ikea nous ont habitués…
Pire, contrairement à l’étagère qui assure le minimum, l’enceinte déçoit dans absolument tous les compartiments. Sa directivité masquée l’empêche d’avoir de l’ampleur et de l’ouverture, le son s’avère caverneux et les basses manquent de rondeur et d’élégance (elles piquent au point d’agresser le tympan). Si on tend un peu l’oreille, on s’aperçoit que les voix se détachent beaucoup trop du reste du spectre, donnant cette impression que l’arrière-plan a été enregistré à plusieurs kilomètres (le même constat avec de la pop, du métal, du hip-hop…). Pour ne rien arranger, on arrive très vite à saturation quand on veut pousser un peu trop le volume. Ce défaut renforce cette idée d’un équilibre qui pêche de A à Z.
Le verdict
Enceintes Ikea Sonos Symfonisk
On a aimé
- Potentiel d'intégration certain
- Le prix de l'étagère
- Configuration simple, AirPlay 2.0
On a moins aimé
- Le design de la lampe
- Rendu sonore grossier
- Le prix de la lampe
Ikea et Sonos s'offrent un drôle de pari avec la gamme Symfonisk, à la philosophie loin d'être stupide à une époque où le tout-intégré n'a jamais eu autant de pertinence. Mais à trop vouloir jouer sur l'accessibilité tarifaire, le duo a oublié certains arguments phares en route.
Soyons francs, les produits Symfonisk ne sont pas de bonnes enceintes dans le sens où leur rendu sonore est moyen (l'étagère) ou grossier (la lampe). Elles ont simplement pour elles l'écosystème Sonos, qui permet une configuration simple et efficace, ainsi que la compatibilité AirPlay 2 et Spotify Connect (pour ne plus jamais avoir à lancer l'application).
Les produits Symfonisk sont-ils des mobiliers convaincants ? On dira oui pour l'étagère, simple à masquer et envisageable dans un home cinéma Sonos misant sur la discrétion. On dira non pour la lampe, qui n'éclaire pas suffisamment et dont le design étrange n'a rien d'élégant.
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