Le verdict à venir de la direction de l’aviation civile américaine (FAA) sur le Boeing 737 Max, interdit de vol depuis ce printemps dans le monde entier, ne vaudra que pour les États-Unis. Sur ce dossier très sensible de la sécurité aérienne, l’Europe poursuivra ses propres vérifications sur l’appareil, qui a causé 346 morts lors de deux catastrophes aériennes, survenues en octobre 2018 et en mars 2019.
Voilà le message qu’a fait passer le Français Patrick Ky, à la tête de l’agence européenne de la sécurité aérienne (AESA). Cité par la BBC, il s’exprimait au début du mois de septembre au sein de la commission du Parlement européen en charge du transport et du tourisme. Par conséquent, même si la FAA certifie le 737 Max, cet avion ne pourra pas circuler au sein de l’espace aérien européen.
Confiance réduite
Ce désalignement de l’AESA sur la FAA traduit la défiance qui s’est installée entre les deux rives de l’Atlantique autour de cet avion en particulier. Il faut dire que depuis des mois, les révélations ne manquent pas pour décrire les conditions de certification douteuses de cet aéronef. Par exemple, une partie de la certification a été confiée à Boeing, ce qui l’a placé dans une position inconfortable de juge et partie.
Il existe entre l’Union européenne et les États-Unis un accord de reconnaissance mutuelle sur la certification, rappelle Air et Cosmos. Dans ce cadre, l’autorité associée n’a plus qu’à valider le travail effectué par l’autorité primaire de certification, considérant que la tâche a été exécutée avec soin : pour un avion européen, c’est l’EASA qui est aux manettes. La FAA a la main dans le cas d’un appareil américain.
Pour le constructeur aéronautique, c’est un souci de plus. Le retour rapide au service actif du 737 Max, que souhaite l’industriel, pourrait en réalité se morceler dans le temps, en fonction de chaque agence de sécurité aérienne. Les compagnies aériennes qui exploitent l’avion seront aussi confrontées à un casse-tête, car il faudra tenir compte des régions où il est autorisé et de celles qui le refusent encore.
Le refus de déléguer à la FAA tout feu vert de la part de l’EASA avait déjà été notifié à la partie américaine dès le 1er avril, indique la BBC.
Quatre conditions à satisfaire
Il s’agit de l’une des quatre conditions que le Vieux Continent a fixées pour approuver la circulation des 737 Max dans son ciel. Les trois autres incluent :
- Une « revue de conception indépendante supplémentaire et plus large » par l’EASA,
- Un bilan actant le fait que les deux crashs ont été « suffisamment bien compris »
- Que les équipages reçoivent une formation adéquate sur tout changement apporté à l’avion.
Depuis ce printemps, l’EASA est partie prenante de la a « Joint Authorities Technical Review » (JATR), une structure regroupant les principales autorités de régulation du trafic aérien : l’Australie, du Brésil, du Canada, de la Chine, des Émirats arabes unis, de l’Indonésie, du Japon et de Singapour. Elle compte aussi la FAA et la NASA pour la partie américaine. Son rôle est de vérifier la certification du 737 Max.
Son rapport est attendu dans les prochaines semaines.
Côté EASA, l’affaire du 737 Max mobilise comme jamais son personnel. Il est question de vingt experts mobilisés et des points d’étape très réguliers avec les ingénieurs de Boeing, au rythme de deux à trois par semaine. Outre la partie technique et théorique, il y a aussi la phase des essais. Il est notamment question d’une semaine complète de tests aux USA avec un modèle bardé de capteurs.
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