Elles donnent une formidable autonomie stratégique à l’Europe d’accès à l’espace. Mais savez-vous pourquoi les fusées Ariane ont été baptisées ainsi ?

Elles sont au nombre de cinq, bientôt six. « Elles », ce sont les célèbres fusées Ariane ! Depuis le 24 décembre 1979, date du premier vol, ces lanceurs donnent à l’Europe une précieuse autonomie stratégique d’accès à l’espace, essentiellement dans le secteur des satellites : télécommunications, défense, géolocalisation, observation de la Terre ou encore exploration du Système solaire.

Ce vaisseau spatial aurait pu toutefois s’appeler bien différemment. Avant d’opter pour ce prénom féminin, la France avait en effet retenu une abréviation technique : L3S, pour lanceur de troisième génération de substitution. Pourquoi ? Parce qu’il succédait non seulement aux deux premières fusées françaises (Véronique et Diamant), mais aussi au projet européen Europa (avec les générations 1, 2 et 3).

Fusée Diamant

La fusée Diamant, au musée de l'air et de l'espace.

Source : Pline

Véronique et Diamant ayant fait leur temps et le programme Europa enchaînant les échecs (après des débuts prometteurs, la première génération connaîtra raté sur raté, tout comme le seul essai comptabilisé pour Europa 2 — Europa 3 ne sera même pas mis à l’essai, malgré plusieurs années de recherche), il fallait donc repartir sur un projet alternatif de même génération. D’où le nom de L3S.

Les études sur Europa 3 n’auront toutefois pas été vaines. Elles ont profité à la toute première Ariane, tout comme l’expérience acquise avec les autres fusées. Il faudra attendre l’intervention de Jean Charbonnel, alors ministre du Développement industriel et scientifique dans le gouvernement de Pierre Messmer, sous la présidence de George Pompidou, pour qu’un nom plus élégant soit retenu.

De L3S à Ariane

C’est ainsi que le nom d’Ariane a été retenu. D’autres propositions avaient été considérées, comme le Cygne, la Lyre et Phénix. Leur point commun ? Elles sont toutes des noms de constellation. Même Ariane a un certain lien avec ces représentations de la voûte céleste : la Couronne boréale symbolise dans la mythologie grecque la couronne offerte par le dieu Dionysos à Ariane et qui l’aurait ensuite placée dans les étoiles.

Dionysos et Ariane

Dionysos et Ariane, peints par Sebastiano Ricci.

Source : Sebastiano Ricci

Mais cette Ariane, qui est-elle ? Il s’agit d’une princesse crétoise de la mythologie grecque, fille du roi Minos (lui-même fils de Zeus s’il vous plait, et d’Europe) et de Pasiphaé (fille du dieu du soleil, Hélios). Dans la légende, elle est célèbre pour avoir aidé le héros Thésée à sortir du Labyrinthe construit pour enfermer le Minotaure. C’est grâce au fil d’Ariane, qu’il dévide dans le dédale, que Thésée parvient à s’en tirer.

Comme le relève malicieusement le site de la Cité de l’Espace, à Toulouse, ce nom est fort à propos : comme le fil d’Ariane a sauvé Thésée d’un perpétuel enfermement, la fusée Ariane devait sortir le programme de lanceur européen de l’impasse. D’ailleurs encore aujourd’hui, ce parallèle avec la mythologie grecque est encore réalisé : Jean-Yves Le Gall, alors patron d’Arianespace, convoquait cette métaphore en 2007.

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