Apple TV+ sera lancé en novembre un peu partout dans le monde. Disney+, de son côté, fera une Netflix, lançant son service petit à petit — jusqu’à 2 ans après le lancement initial pour certains pays. Pourquoi ces différences ? Apple ne propose que du contenu original, créé pour sa plateforme et en petite quantité. Disney propose en plus de nombreuses séries originales un catalogue complet de toutes ses productions, autant de titres dont les droits de diffusion sont à gérer au niveau local. Et peut-être éviter la situation dans laquelle Netflix se trouvait à son lancement en France, sans House of Cards loué à Canal+.
Quand on voit un déploiement aussi lent (pas avant le printemps 2020 en France), on pense à la solution miracle à ce type de restriction numérique : le VPN. Un VPN permet normalement de contourner le géoblocage d’un service en se faisant passer pour un internaute d’un autre pays. Netflix tolère assez largement la pratique, jugée marginale, et a permis aux opérateurs de VPN de créer un véritable marché autour de la promesse d’un accès à Netflix US, version la plus complète du service. Mais Disney semble avoir dégainé l’artillerie lourde pour son service de SVoD.
La bêta hollandaise complètement verrouillée
Le 12 septembre 2019, la firme américaine a lancé un bêta test de son service aux Pays-Bas. Il est possible, pour un néerlandais, de s’inscrire à Disney+ et de profiter du service gratuitement. Ce test en petit comité permettra à Disney d’éprouver son infrastructure technique et de prendre les premiers retours des utilisateurs. Bien entendu, à l’annonce du test, le monde entier est entré en ébullition, se posant une question simple : peut-on accéder à tous les Star Wars, Marvel et Pixar avec un simple VPN ?
La réponse semble négative. Disney a barricadé l’entrée à son service pour que personne ne puisse tricher. Nous avons testé de nous connecter au site hollandais avec deux des meilleurs VPN sur le marché pour ce qui est de contourner les géoblocages du streaming : Cyberghost et NordVPN. Et malgré ce que certains racontent, ce n’est pour l’instant pas possible d’après nos tests.
L’un des deux VPN permettait pendant un moment d’accéder à la création de compte. On pouvait alors créer un identifiant Disney+ hollandais, mais la carte bancaire française n’était pas autorisée. En essayant avec des cartes de néobanques, le formulaire tourne, mais n’arrive jamais au bout du processus.
Plus tard dans la soirée du 12 septembre et le 13 septembre, nous avons recommencé l’opération. Disney+ est devenu encore plus radical : pour un utilisateur avec un VPN, les boutons d’inscription sont tout simplement cachés derrière la page. Quand on les révèle avec une petite manipulation du code source, ils ne déclenchent aucune action. Il est très possible, comme nous le confirme notre équipe technique, que Disney ait tout simplement identifié la plage de connexion (adresses IP) des principaux VPN et ait développé un moyen de bloquer les actions. Et même après cela, il n’est pas dit que nous aurions pu créer un compte sans carte bancaire valide. Presse internationale et utilisateurs sur les réseaux sociaux confirment nos conclusions.
The Mandalorian en streaming, le piratage gagnant ?
Si Disney a sorti l’artillerie lourde pour protéger la bêta de son service, rien ne dit que ce sera plus simple d’entrer sur la version définitive, même en souhaitant payer, en utilisant un VPN aux États-Unis par exemple. Cela étant dit, les acteurs du marché du VPN savent qu’ils ont un levier pour leurs inscriptions à portée de main : quel fan de Star Wars ne voudra pas suivre en direct la série The Mandalorian prévue pour le lancement ? Il est donc possible que d’ici la sortie officielle, les meilleurs VPN aient trouvé une solution pour contourner les protections de Disney.
Les opposants se livreront alors à une course, Disney colmatant ses brèches, les VPN en trouvant d’autres. Une bataille qui risque de gonfler les chiffres du piratage des séries Disney avant que le service soit disponible partout dans le monde.
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