Le scandale du 737 Max connaît un nouveau rebondissement. Mardi 24 septembre, un communiqué du Bureau du conseiller juridique spécial (Office of Special Consel), qui dépend du ministère de la Justice aux États-Unis, a jeté un pavé dans la mare en suggérant que la Direction de l’aviation civile américaine (FAA) a peut-être commis un parjure envers le Congrès sur le niveau réel de ses inspecteurs.
Des déclarations en décalage avec la réalité
Le Bureau « a constaté que les réponses de la FAA aux demandes de renseignements du Congrès […] semblent avoir été trompeuses en ce qui concerne la formation des employés de la FAA ». Il est fait référence ici aux réponses communiquées par la FAA, le 4 avril 2019, à l’attention du Comité sénatorial américain sur les transports.
À l’époque, pointe l’OSC, la FAA a affirmé que « tous les inspecteurs de vol qui ont participé aux activités de certification […] du Boeing 737 Max étaient pleinement qualifiés ». Or, avec l’aide d’un lanceur d’alerte, dont les informations ont été corroborées par une enquête du ministère des Transports, datée du 3 juin, l’OSC a découvert que ça ne colle pas à la réalité du terrain.
« 16 des 22 inspecteurs de la sécurité […] n’avaient pas complété la formation officielle. De plus, 11 des 16 inspecteurs de sécurité sous-formés n’avaient pas de certificat d’instructeur de vol qualifié, ce qui est une exigence de base du poste », écrit l’OSC. Et ce n’est pas tout : des inspecteurs non qualifiés « ont administré des centaines de certifications […] qui autorisaient les pilotes à opérer des avions de ligne ».
Pour l’OSC, les défauts de formation de ces inspecteurs et leur capacité à pouvoir certifier les pilotes de ligne sont de nature à « remettre en question l’examen opérationnel de plusieurs aéronefs ». C’est aussi un terrible désaveu pour la FAA, dans la tourmente depuis le double accident aérien qui a impliqué deux avions 737 Max, en 2018 et 2019 — avion qui n’est plus autorisé à opérer.
Déjà en avril, des articles de presse suggéraient l’impréparation des inspecteurs et la très mauvaise qualification des pilotes, sur la base de témoignages. En outre, il a aussi été rapporté que le processus de certification du MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System), qui sert à stabiliser un 737 MAX en vol, a été en grande partie réalisé par… Boeing, son concepteur, et non pas par la FAA.
Ces nouvelles révélations ne vont certainement pas inciter l’Europe à tenir compte de l’avis de la FAA pour approuver le retour du 737 Max. Il y a un accord de reconnaissance mutuelle sur la certification entre l’Europe et les USA, selon l’origine de l’avion, mais la controverse sur cet aéronef ainsi que la polémique sur la façon dont a travaillé la FAA questionnent la pertinence de ce lien.
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