Les hologrammes sont partout dans les œuvres cinématographiques de science-fiction. De Blade Runner 2049 à Star Wars ou Star Trek, des images virtuelles prennent vie en trois dimensions avec un haut niveau de réalisme. De nos jours, loin d’être aussi performants, les « holos » ne sont pas vraiment dans notre quotidien (en dehors du concert posthume d’Amy Winehouse). Concernant les hologrammes statiques — une image fixe, comme un poster 3D — l’équipe française d’Ultimate Holography vient de dévoiler son système Chimera : une « imprimante » à hologrammes, ou holoprint, de nouvelle génération. Yves Gentet et Philippe Gentet donnent les détails de leur travail dans la revue Applied Optics, à paraître en décembre 2019.
Deux générations d’holoprints commercialisables sont passées avant Chimera. Mais elles avaient chacune leurs limitations. Les premiers hologrammes statiques développés par la société Zebra Imaging, qui se basait sur l’invention originelle par Stephen Benton au MIT, utilisaient des lasers puissants qui ralentissaient beaucoup trop la machine. Il fallait beaucoup de temps pour obtenir l’hologramme à partir de l’objet scanné. La seconde génération était plus rapide, avec des lasers à impulsion qui « tiraient » à la nanoseconde, mais ils perdaient alors énormément en qualité. « Grâce à cette troisième génération, on a la vitesse de la deuxième génération avec les avantages de la première, explique Yves Gentet à Numerama. J’ai réussi à utiliser des lasers continus, en impression ultra rapide. »
L’inventeur a travaillé dans les entreprises de première et de seconde génération, avant de fonder sa propre société. Pour en arriver à développer cette nouvelle génération, il lui a fallu 15 ans. « Pour la seconde génération, une société canadienne a investi 23 millions de dollars pour trouver des solutions. Mais ce n’est pas avec des dollars qu’on fait progresser cette technologie, c’est avec de la réflexion », nous confie Yves Gentet.
Des organes, des objets de musée…
L’holoprint Chimera utilise des lasers RVB (rouge, vert, bleu) peu gourmands en énergie et qui s’ajustent en quelques millisecondes. Raison pour laquelle ils peuvent fonctionner en continu. Pour la stabilité, le boîtier est muni d’un système anti-vibratoire. Enfin, l’objet 3D est imprimé sur un film holographique inventé par Yves Gentet. À partir de cette combinaison d’innovations, cette troisième génération d’holoprints offre une haute résolution d’image : les couleurs sont plus fidèles, variées et dynamiques qu’auparavant. La parallaxe est entière, ce qui signifie que l’objet 3D peut être observé depuis toutes les directions.
La puissance d’impression maximale, c’est-à-dire le temps pour que le système procède à l’affichage de l’hologramme à partir de l’objet scanné, est de 50 hertz. C’est deux fois plus que les anciennes générations : il faut 11 heures pour imprimer un hologramme de 30 centimètres sur 40 centimètres, là où il fallait plus d’une vingtaine d’heures avec les anciens holoprints.
Les frères Gentet ont déjà débuté la commercialisation de leur invention. Les applications sont variées, de la culture à la médecine. L’un de leurs premiers clients est une société qui souhaite produire des images holographiques d’objets de musée. « On a également un client qui veut faire une imprimante médicale, pour que les scanners lors des IRM sortent en imagerie holographique visualisable directement en 3D sans lunettes », ajoute Yves Gentet.
Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de l’avenir des hologrammes dans notre quotidien, l’inventeur tient seulement à rappeler que le terme hologramme ne veut aujourd’hui « plus dire grand-chose » dans notre esprit. Par exemple, le fameux meeting holographique de Jean-Luc Mélenchon, lors de la Présidentielle 2017, n’avait rien d’un véritable hologramme : il s’agissait en fait d’une illusion d’optique connue sous le nom de Fantôme de Pepper. Les véritables hologrammes au sens propre sont un processus technologique encore long et lourd, les versions animées que l’on peut voir par exemple dans Star Wars sont encore très loin.
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